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nombre de ces vocables désuets, dont on enseignait aux enfants le glossaire et dont se raillait déjà Aristophane en ses Convives. Vers la fin du iiie siècle avant notre ère, Strabon le Comique, dans l’une de ses pièces, parodiait un semblable recueil de Philétas de Cos. Les Alexandrins en dressèrent ensuite des catalogues et en trouvèrent de doubles, triples, quadruples explications où la fantaisie le dispute à la sottise.

C’est en vain que, depuis un siècle, les plus patients et les plus érudits de nos linguistes ont tâché d’en éclairer le mystère. À la fin d’une vie consacrée tout entière à la science, M. Bréal « voulait montrer par quelques exemples le secours que l’on peut tirer de la linguistique en s’inspirant de l’esprit d’exactitude et de vérité »… Noble ambition !…

Je me suis toujours demandé comment, aux xxxe ou xle siècles de notre ère, « cette exactitude et cette vérité » des linguistes expliqueraient les épithètes poétiques, que nos textes auraient conservées, mais dont nos successeurs ignoreraient l’origine et la transmission séculaires, comme nous ignorons la transmission et l’origine de telles et telles épithètes préhomériques ?

Comment traduiraient-ils l’un de ces adjectifs traditionnels dont notre prose et nos vers,