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hellénistiques et gréco-romains, la « solution » d’un problème homérique tint la place que, dans notre société provinciale du xixe siècle, pouvait tenir la solution d’une charade, d’une énigme ou d’un rébus.

Le texte homérique ne fut pas sans subir les conséquences de cette inquisition : des éditeurs audacieux trouvèrent bon de lui proposer ou même de lui imposer quelques corrections, additions ou changements, en vue de parfaire cette netteté, chaque fois qu’elle leur semblait tant soit peu ternie ou craquelée. La clarté primitive des Poésies ne suffisait pas aux générations plus récentes. À des publics différents, correspondent des clartés différentes : pour être compris aussitôt, il faut parler d’autre sorte à cinquante invités, en un hall de banquet, à des milliers d’auditeurs, en une assemblée de théâtre ou de plein air, et à quelques lecteurs, en une salle de classe ou de bibliothèque.

Les tirades de l’épos avaient été composées pour les oreilles de quelques-uns, pour les réunions d’une élite : elles s’étaient adressées d’abord à un auditoire restreint d’aristocrates, puis, de citoyens aisés et cultivés, qui, familiers avec les moindres événements et les moindres personnages, pouvaient tout comprendre à demi-mot et dispensaient l’aède de toute explication même courte. Mais aussitôt que