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des suppressions de syllabes entières, qui nous transportent loin de la prosodie épique : l’hexamètre, comme l’alexandrin français, a l’air d’être l’héritier d’une longue évolution.

Pour rendre cet hexamètre épique, c’est, je crois, dans cet alexandrin de nos tragédies et de nos comédies qu’un Français du xxe siècle doit chercher l’indispensable outil de traduction. Hexamètre grec et alexandrin français, les deux vers s’équivalent en longueur et en capacité. On peut calquer le second sur le premier :

Nous touchions au Sounion, au cap sacré d’Athènes…
Ulysse l’avisé leur fit cette réponse…

ces deux alexandrins rendent tous les mots et tout le sens de deux hexamètres homériques. Il arrive même que deux et trois de nos alexandrins peuvent rendre, non seulement le contenu, mais encore la distribution de deux et trois hexamètres consécutifs. Que l’on compare les trois vers odysséens 150-152 du chant I et la traduction suivante :

Quand on eut satisfait la soif et l’appétit,
Le cœur des prétendants n’eut plus d’autre désir
Que la danse et le chant, ces atours du festin…

Au milieu du xvie siècle, au temps où vivaient encore dans nos romans de chevalerie