Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/501

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Mais du ciel tombe un fantôme !
C’est Rabelais, grand moqueur,
Qui leur dit : Dans ce vieux tome
J’ai chanté jadis au chœur.
Sur cet enfant qu’on baptise
Dieu veut que je prophétise.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

Nous nommons François-Marie
Ce garçon, dit le parrain.
Le fantôme se récrie :
De tels noms ne lui vont brin.
La Gloire, à son baptistère,
Lui donnera nom Voltaire.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

Dans ce marmot, tête énorme,
Germe un puissant écrivain
Qui doit, en fait de réforme,
Passer Luther et Calvin.
Sots préjugés, il vous sape.
Gare à vous, monsieur du pape !
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

Ce Rabelais, qu’on l’arrête !
Dit le curé s’échauffant.
Pour nous un dîner s’apprête
Chez le père de l’enfant ;
De cadeaux il nous accable :
Baptisons, fût-ce le diable !
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

Le fantôme, qui s’envole,
Crie aux prêtres : Avant peu,
Voltaire, encore à l’école,
En jouant y met le feu.
Ce feu chez vous va s’étendre :
Aux cloches il faut vous pendre.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !