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peuple, dont je ne me suis jamais séparé, après le dénouement fatal de si longues guerres, son opinion ne me parut pas d’abord décidément contraire aux maîtres qu’on venait d’exhumer pour lui. Je chantai alors la gloire de la France ; je la chantai en présence des étrangers, frondant déjà toutefois quelques ridicules de cette époque, sans être encore hostile à la royauté restaurée.

On m’a reproché d’avoir fait une opposition de haine aux Bourbons ; ce que je viens de dire répond à cette accusation, que peu de personnes aujourd’hui, j’en suis sûr, tiendraient à repousser, et qu’autrefois j’acceptais en silence.

Les illusions durèrent peu ; quelques mois suffirent pour que chacun pût se reconnaître, et dessillèrent les yeux des moins clairvoyants ; je ne parle que des gouvernés.

Le retour de l’empereur vint bientôt partager la France en deux camps, et constituer l’opposition qui a triomphé en 1830. Il releva le drapeau national et lui rendit son avenir, en dépit de Waterloo et des désastres qui en furent la suite. Dans les cent-jours, l’enthousiasme populaire ne m’abusa point : je vis que Napoléon ne pouvait gouverner constitutionnellement ; ce n’était pas pour cela qu’il avait été donné au monde. Tant bien que mal, j’exprimai mes craintes dans la chanson intitulée la Politique de Lise, dont la forme a si peu de rapport avec le fond : ainsi que le prouve mon