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au temps de la Restauration, si ce n’est qu’elles sont sorties toutes faites de la prison de la Force. J’aurais peu tenu à les imprimer, si elles ne complétaient ces espèces de mémoires chantants que je publie depuis 1815. Je n’ai pas, au reste, à craindre qu’on me fasse le reproche de ne montrer de courage que lorsque l’ennemi a disparu. On pourra même remarquer que ma détention, bien qu’assez longue, ne m’avait nullement aigri : il est vrai qu’alors je croyais voir s’approcher l’accomplissement de mes prophéties contre les Bourbons. C’est ici l’occasion de m’expliquer sur la petite guerre que j’ai faite aux princes de la branche déchue.

Mon admiration enthousiaste et constante pour le génie de l’empereur, ce qu’il inspirait d’idolâtrie au peuple, qui ne cessa de voir en lui le représentant de l’égalité victorieuse ; cette admiration, cette idolâtrie, qui devaient faire un jour de Napoléon le plus noble objet de mes chants, ne m’aveuglèrent jamais sur le despotisme toujours croissant de l’empire. En 1814, je ne vis dans la chute du colosse que les malheurs d’une patrie que la République m’avait appris à adorer. Au retour des Bourbons, qui m’étaient indifférents, leur faiblesse me parut devoir rendre facile la renaissance des libertés nationales. On nous assurait qu’ils feraient alliance avec elles : malgré la charte, j’y croyais peu ; mais on pouvait leur imposer ces libertés. Quant au