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volumes s’accumulent, ce qui me fait craindre que celui-ci ne paraisse bien sérieux. Si beaucoup de personnes m’en font un reproche, quelques-unes m’en sauront gré, je l’espère ; elles reconnaîtront que l’esprit de l’époque actuelle a dû contribuer, non moins que mon âge, à rendre le choix de mes sujets plus grave et plus philosophique.

Les chansons nées depuis 1830 semblent en effet se rattacher plutôt aux questions d’intérêt social qu’aux discussions purement politiques. En doit-on être étonné ? Une fois qu’on suppose reconquis le principe gouvernemental pour lequel on a combattu, il est naturel que l’intelligence éprouve le besoin d’en faire l’application au profit du plus grand nombre. Le bonheur de l’humanité a été le songe de ma vie. J’en ai l’obligation, sans doute, à la classe dans laquelle je suis né, et à l’éducation pratique que j’y ai reçue. Mais il a fallu bien des circonstances extraordinaires pour qu’il fût permis à un chansonnier de s’immiscer dans les hautes questions d’améliorations sociales. Heureusement une foule d’hommes, jeunes et courageux, éclairés et ardents, ont donné, depuis peu, un grand développement à ces questions, et sont parvenus à les rendre presque vulgaires. Je souhaite que quelques-unes de mes compositions prouvent à ces esprits élevés ma sympathie pour leur généreuse entreprise.

Je n’ai rien à dire des chansons qui appartiennent