Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/380

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

De tes maux quel serait le terme,
Si quelques alliés sans foi
Prétendaient que tu tiens à ferme
Le trône que tu dis à toi !
De jour en jour leur ligue avare
Augmenterait le prix des baux.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Enfin pourrais-tu sans scrupule,
Graissant la patte au Saint-Esprit,
Faire un concordat ridicule
Avec ton père en Jésus-Christ ?
Pour lui redorer sa tiare,
Tu nous surchargerais d’impôts.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

D’ailleurs ton métier nous arrange :
Nos amis nous ont fait capot.
C’est pour que l’étranger la mange
Que nous mettons la poule au pot.
De nos souliers même on s’empare
Après avoir pris nos manteaux.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.