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LA BONNE VIEILLE


Air de Wilhem
ou Muse des bois et des plaisirs champêtres (Air noté )


Vous vieillirez, ô ma belle maîtresse !
Vous vieillirez, et je ne serai plus.
Pour moi le temps semble, dans sa vitesse,
Compter deux fois les jours que j’ai perdus.
Survivez-moi ; mais que l’âge pénible
Vous trouve encor fidèle à mes leçons ;
Et bonne vieille, au coin d’un feu paisible,
De votre ami répétez les chansons.

Lorsque les yeux chercheront sous vos rides
Les traits charmants qui m’auront inspiré,
Des doux récits les jeunes gens avides
Diront : Quel fut cet ami tant pleuré ?
De mon amour peignez, s’il est possible,
L’ardeur, l’ivresse, et même les soupçons ;
Et bonne vieille, au coin d’un feu paisible,
De votre ami répétez les chansons.

On vous dira : Savait-il être aimable ?
Et sans rougir vous direz : Je l’aimais.
D’un trait méchant se montra-t-il capable ?
Avec orgueil vous répondrez : Jamais.