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gens désappointés et chagrins. Ils sauront peut-être aussi que j’ai joui de la réputation d’observateur assez attentif, assez exact, assez pénétrant, et qu’enfin je m’en suis toujours plutôt pris à la faiblesse des hommes qu’à leur mauvais vouloir du mal que j’ai pu voir faire dans mon temps. Des matériaux recueillis dans cet esprit manquent trop souvent pour que les historiens à venir ne tirent pas bon parti de ceux que je laisserai. La France un jour pourra m’en savoir gré. Qui sait si ce n’est pas à cet ouvrage de ma vieillesse que mon nom devra de me survivre ? Il serait plaisant que la postérité dît : Le judicieux, le grave Béranger ! Pourquoi pas ?

Mais voici bien des pages à la suite les unes des autres, sans trop de logique, ni surtout de nécessité. Se douterait-on, à la longueur de cette préface, que j’ai toujours redouté d’entretenir le public de moi, autrement qu’en chansons ? Je crains bien d’avoir abusé étrangement du privilége que donne l’instant des adieux ; il me reste pourtant encore une dette de cœur à acquitter.

Au risque d’avoir l’air de solliciter pour mes nouvelles chansons l’indulgence des journaux, mise par moi si souvent à l’épreuve, je dois témoigner ma reconnaissance à leurs rédacteurs, pour l’appui qu’ils m’ont prêté dans mes petites guerres avec le pouvoir. Ceux de mon opinion ont plus d’une fois