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        Vous avez vu tomber la gloire
        D’un Ilion trop insulté,
        Qui prit l’autel de la victoire
        Pour l’autel de la liberté.
Vingt nations ont poussé de Thersite
Jusqu’en nos murs le char injurieux.
Ah ! sans regret, mon âme, partez vite ;
En souriant remontez dans les cieux.
    Remontez, remontez dans les cieux.

        Cherchez au dessus des orages
        Tant de Français morts à propos,
        Qui, se dérobant aux outrages,
        Ont au ciel porté leurs drapeaux.
Pour conjurer la foudre qu’on irrite,
Unissez-vous à tous ces demi-dieux.
Ah ! sans regret, mon âme, partez vite ;
En souriant remontez dans les cieux.
    Remontez, remontez dans les cieux.

        La Liberté, vierge féconde,
        Règne aux cieux, qui vous sont ouverts.
        L’amour seul m’aidait en ce monde
        À traîner de pénibles fers.
Mais, dès demain, je crains qu’il ne m’évite ;
Pauvre captif, demain je serai vieux.
Ah ! sans regret, mon âme, partez vite ;
En souriant remontez dans les cieux.
    Remontez, remontez dans les cieux.

        N’attendez plus, partez, mon âme,
        Doux rayon de l’astre éternel !