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La statue de Notre-Dame qui, au xiiie siècle, était présentée à la vénération des religieux, existe encore, malheureusement en dehors de l’abbaye.

Légèrement infléchie sur la jambe droite, Marie, la tête couronnée, porte l’Enfant Jésus sur le bras gauche et la main droite tient un sceptre, aujourd’hui brisé. Sous ses pieds, on distingue un animal assez difficile à identifier. L’Enfant entoure : le col de sa mère de son : bras droit et appuie sur sa poitrine une colombe ; c’est là une mère au port solennel, mais toute gracieuse, jouant avec son enfant. Cette statue était polychromée et on reconnaît encore de nombreuses traces du bleu du manteau.

Malgré les lichens et les mousses qui ont envahi cette admirable figure, exposée aux intempéries dans le cimetière de la commune de Touillon, voisine de Fontenay, on doit la considérer comme une des plus majestueuses productions de la sculpture française.

Lors de la vente mobilière de Fontenay, en octobre 1791, elle fut adjugée au prix de 6 livres.


Retable. Pierre : hauteur, 0m80 ; largeur, 2m50 (fig. 55). — Ce très bel ensemble appartenait probablement au maître-autel de l’église. Il se compose de trois fragments principaux, dont la réunion donne encore une haute idée de ce que devait être cette sculpture, alors qu’elle était dans son intégrité. Ce retable a, malheureusement, subi de graves mutilations, ayant été utilisé comme dallage, la face sculptée noyée dans un sol particulièrement humide. Il se compose d’une scène centrale et de deux groupes de sujets latéraux divisés en deux registres.

Au centre, sous un arc trilobé, la Crucifixion. Au pied de la croix, Marie tombe dans les bras des Saintes Femmes et saint Jean, admirablement drapé, est entouré d’un groupe de soldats. Au-dessus des bras de la croix, deux anges à mi-corps — détail assez particulier — tiennent le soleil et la lune, en partie voilés dans les plis de leurs draperies et, dans les écoinçons, deux têtes feuillagées n’ont qu’une fonction décorative. À droite et à gauche, sous des arcatures plus étroites, deux élégantes figurines apportent au sujet central un complément symbolique, suivant la tradition constante du Moyen Age. À gauche, l’Église couronnée tient à la main l’étendard crucifère. À droite, la Synagogue, très endommagée, n’est reconnaissable qu’à la hampe de sa bannière brisée, qu’on distingue dans la partie supérieure. Des cadres trilobés surmontent ces dernières figures et renferment des groupes de petites figurines merveilleusement ciselées, mais difficiles à identifier.