Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de chute est exactement égaie en étendue a la période d’élévation ou de prospérité ; en sorte que la nation qui obtient le plus d’éclat, le plus de puissance, est celle qui d’avance accumule le plus de calamités, le plus d’infortune sur son temps de retour.

» Ainsi, par ce spectacle de l’équité constante dans les destinées humaines, deux grands effets sont produits sur l’homme qui le contemple. En premier lieu, il devient bien moins accessible aux tourmens de l’envie. Comment souffrirait-il, à la vue des biens, des privilèges, des jouissances qu’il ne peut se procurer ? C’est en même temps à leur expiation nécessaire qu’il échappe.

» En second lieu, si la prospérité s’attache à son sort, il ne la repousse pas ; mais il ne se laisse point entraîner par les séductions qu’elle lui présente ; il sait, d’une manière positive, que le nombre, l’ardeur, l’éclat de ses plaisirs fixeraient d’avance la mesure des regrets qui un jour, attristeraient son âme, et des peines qu’il aurait à subir.

» La modération, ce conseil éternel de la sagesse, devient ainsi le fruit ultérieur de la science ; elle s’appuie sur les lois qui conduisent l’univers.

» Et la modération de l’âme, c’est la tolérance pour les opinions, c’est l’indulgence pour les défauts, c’est la modestie dans toutes les situations, c’est toutes les qualités morales.

» On aura pu voir, dans ce résumé, avec quelle facilité, selon l’auteur que nous nous bornons à analyser, tous les effets possibles s’enchainent à un premier fait, devenu, pour lui, un point d’évidence irrésistible.

» Dans le nombre des conséquences qu’il tire de sa pensée fondamentale, il insiste sur celles qui méritent d’être le mieux