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voir les choses telles qu’elles sont, et que les choses d’une étendue limitée sont bien plus faciles à connaître avec exactitude que les choses vastes et composées.

Ainsi, l’homme qui a de l’esprit, et qui se borne à être un homme d’esprit, est moins exposé à l’erreur que l’homme de génie ; mais aussi il ne découvre point de grandes vérités : il n’est point créateur ; souvent même, il est mauvais juge des créations du génie, parce qu’il ne peut que rarement en atteindre l’élévation, et en sentir la chaleur. Il n’est juste appréciateur, et partisan déclaré, que de la légèreté et de la grâce.

De son côté, on l’a vu par l’exemple de J.-J. Rousseau, l’homme de génie quitte difficilement la grandeur et la force ; il semble que la légèreté et la grâce lui soient peu naturelles. Quelquefois cependant, il se montre spirituel et aimable ; mais alors il s’abandonne et se repose.

On peut dire sans exagération, que Voltaire fut une merveille d’esprit, et que jamais la nature ne prodiguera cette faculté avec plus d’abondance. Il fut aussi, de tous les hommes qui ont écrit, celui qui eut le plus fréquemment raison. Très-habile à voir le côté faux et absurde des opinions humaines, il ne lui