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ARMORIAL DES PRÉLATS

plus des chapeaux timbrant les armoiries de membres de certains chapitres, sauf ceux des chanoines de Lorette, noir à galon violet, ni de certains vicaires généraux, ou de dignitaires de l'ancien régime, car mon Armoriai n’en cite pas.

§ 4. Mitre

La mitre est une coiffure ecclésiastique usitée dans les cérémonies religieuses par les cardinaux, les patriarches, les archevêques et évéques, par les abbés supérieurs d’abbayes, les protonotaires et quelques chanoines. Aux premiers siècles de l'Eglise, le Pape seul, croit on, la prenait. On dit que saint Jacques, apôtre, s’en coiffait. A l’inverse du chapeau, les évéques en firent usage avant les cardinaux.

Il y a trois sortes de mitres : la précieuse, en soie lamée d’or ou d’argent, et pierres précieuses ; c’est celle qui figure dans les armoiries ; — l'orfrayée, ou lama de oro, en drap d’or; — la simple en drap d’argent, en soie, en lin ou toile avec franges rouges aux extrémités des fanons, usitée suivant les cas ou les dignités.

Mgr Battandier, que nous nous faisons un vrai plaisir de citer, a écrit dans ses Annuaires pontificaux de 1900 et 1901 des pages fort savantes sur les mitres ; nous y renvoyons le lecteur désireux d’approfondir la question. Il nous y est appris que, vers la fin du moyen âge, les évéques commencèrent à en timbrer leurs écus. Mgr Barbier cite bien un écusson épiscopal poitevin, du XIIIe siècle, sommé d’une mitre, mais c’est un cas isolé à une date si reculée. « Cette coutume, dit-il, ne parait pas s’être maintenue, et elle est tombée tellement en désuétude, qu’aucun évêque italien ne timbre ses armoiries de la mitre, qu’ailleurs on pose à l'angle supérieur de l’écu pour faire pendant à la crosse. »

« Quand commença la coutume de sommer les armoiries d’un chapeau, dont la couleur, le nombre des glands, indiquaient d’une façon plus simple, plus complète, la dignité du possesseur de l’écusson, on supprima en Italie la mitre, le chapeau la remplaçant. En France, on garda les anciens ornements dont on avait l’usage et on y ajouta le chapeau »[1]. Pour de certains auteurs c’est une superfétation que de timbrer son écu et d’un chapeau et d’une mitre. Que diraient-ils alors des prélats qui y ajoutent une couronne ? Mais il ne faut point chercher là la petite bête. On ne doit considérer ces appositions diverses que comme signe ornemental de dignité.

Dans notre ouvrage, on ne trouvera guère, croyons-nous, comme prélats ayant la mitre posée au milieu du bord (supérieur) de l’écu, bien en forme de timbre[2], que Mgr Sourrieu, à Chàlons, et de nos évêques des Etats-Unis, comme NN. SS. Forest et Dubuis.

Dans les armoiries, il est bon de placer la mitre vers le premier quart

  1. Annuaire pontifical, 1901, p. 164.
  2. Sur cette expression héraldique on n’est pas absolument d'accord. Je l'emploie avec une certaine hésitation. Voir l'Intermédiaire des Chercheurs de 1903, vol. 2, col. 369.