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EMBLÈMES DE L’ECU
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Cardinal Lefèvre de Cheverus et son neveu Mgr George, Mgr Guynemer de La Hailandière). La modestie ou l’ignorance qu’ils en avaient peut expliquer cette anomalie.

Il en est qui modifient légèrement l'écu paternel, surtout par des variantes de métaux ou d’émaux (v. g. Mgr Gérault de Langalerie). D’autres en changeant de siège transforment absolument leurs armoiries (v. g. le Cardinal de Cheverus, Mgr Ginouilhac), ou bien y apportent certaines modifications (v. g. le Cardinal Lecot, Mgr Balaïn). Tout cela sera expliqué au cours de l’ouvrage.

La Révolution ayant supprimé les emblèmes héraldiques, les évêques nommés au moment du Concordat ne pouvaient prendre aucun blason. Leur cachet ou leur sceau, comme on voudra l’appeler, portait leurs initiales dans un cartouche, affectant souvent la forme de l’écu suisse et entouré des ornements habituels : croix, crosse, mitre, chapeau. Mgr Morel de Mons fait seul exception à cette règle, car il mit en chef, au-dessus de ses initiales, les trois molettes d’éperon de ses armes originelles.

Napoléon, dans son statut du 1er mars 1808 créant des titres impériaux, décréta par l’article 4 que les archevêques seraient comtes, et par le 8e les évêques, barons. Des règlements d’armoiries (voir plus loin, aux Explications héraldiques, les quartiers marquant leurs dignités) suivirent la promulgation de ce statut, et voilà comment la plupart (pourquoi pas tous ? Mgr Jacoupy est une de ces exceptions) des archevêques et évêques de France et des pays annexés reçurent des titres et des armoiries. Plusieurs d'entre eux, soit pour ne pas payer les droits de chancellerie afférents aux lettres de noblesse, soit pour d’autres motifs, continuèrent à timbrer leurs mandements de leur sceau à initiales. A la Restauration, plusieurs modifièrent leurs armoiries, surtout en faisant disparaître le franc-quartier de comte-archevêque ou de baron-évêque.

Les emblèmes religieux dominent dans nos écussons prélatices, c’est naturel. Quelques-uns font allusion au nom du dignitaire qui les porte (v. g. Mgr Lion a un lion, Mgr Fuzet des fusées, Dom Colomban Legros une colombe, Mgr Hautcœur un cœur, Mgr Chevalier une armure de chevalier). Bien des armoiries du moyen âge furent composées de cette façon ; on les appelle parlantes.

Il serait trop long d’expliquer, même sommairement, plusieurs de ces emblèmes, tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament, ou de sujets religieux, comme par exemple le Jéhovah (œil dans un triangle), le Saint Esprit (colombe dans une gloire ou planant la tête en bas), la gloire elle-même, l'agnus ccisus, le livre aux Sept-Sceaux, l’agneau pascal (il tient un oriflamme), le Bon Pasteur, l'Iimmaculée Conception, la Vierge de la Médaille-Miraculeuse, le Saint Cœur de Marie, etc.

Par un usage assez rationnel, un grand nombre de nos vicaires apostoliques ajoutent à leur écusson soit en parti, en coupé ou en écartelé, soit en chef ou sur un meuble de l’écu, voire même directement sur le champ, les armoiries, les emblèmes ou les insignes (qui peuvent n’être que des lettres, comme pour les Missions-Etrangères) de l’ordre, de la congrégation ou de la société dont