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de Foi : la foi et la loyauté y sont si grandes que personne ne garde les champs ; tout le monde prend à sa volonté de tout ce qu’ils produisent, et il y a une si grande abondance qu’on ne saurait jamais l’épuiser. Ils traversèrent ensuite une terre maudite, où le soleil ne luit pas, où rien ne pousse, où l’on n’entend ni l’aboi d’un chien, ni le chant d’un coq. Ils retrouvèrent enfin la lumière, mais le pays où les conduisait leur route ne produisait rien dont ils pussent se nourrir, et toutes leurs provisions étaient épuisées.

— Dieu ! dit Huon, qu’allons-nous devenir ? Ah ! roi Charles, où m’avez-vous envoyé ? Dieu vous pardonne votre cruauté !

En continuant toujours leur chemin, ils arrivèrent dans un bois. Ils y trouvèrent un vieillard dont la barbe grise descendait jusqu’à sa ceinture ; il l’avait richement tressée avec des galons d’or ; il tenait une houe et se donnait grande peine pour refaire le chemin, défoncé en cet endroit.