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à un trop grand coup qu’il porte, l’épée lui vole des mains. Un Sarrasin s’en empare et l’emporte dans sa maison, où il la garda maint jour. Tous alors se ruent sur le jeune homme ; ils le renversent à terre ils le désarment, ils lui ôtent le bon haubert damasquiné et le hanap et le cor d’ivoire. Ils l’amènent devant l’amiral.

Huon se tenait debout dans son bliaud de soie qui moulait son corps robuste et élancé ; ses yeux brillaient, son jeune visage rayonnait de beauté, si ce n’est qu’il était noirci par les mailles du haubert. Les Sarrasins l’admirent.

— Voyez, disent-ils, quel beau bachelier ! il n’est fait que pour le plaisir des yeux. Vraiment, ces Français sont de belles gens ! C’est grand dommage qu’il doive mourir si tôt.

— Barons, dit l’amiral, de quelle mort faut-il punir ce misérable ?

Il y avait là un sage homme qui avait près de cent ans, conseiller habituel