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passent par cette forêt : j’ai eu beau les saluer et les conjurer, ils n’ont daigné ni me saluer, ni me répondre. Rattrapez-les et mettez-les à mort.

Alors s’avança Gloriant, le meilleur des chevaliers d’Auberon.

— Sire, dit-il, ne faites pas cela. Avant de les condamner, éprouvez-les encore. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire. Rassurez-les par de bonnes paroles, et s’ils refusent encore de vous répondre, honni soit qui en aura pitié !

— Je le veux bien, dit Auberon.

Les Français, remis de leur frayeur, chevauchaient par la forêt.

— Géreaume, dit Huon, voilà longtemps que nous marchons ; je crois que nous sommes délivrés du nain. Mais je vous le dis, je n’ai jamais vu un homme d’une si grande beauté. Dieu ! comme il est beau quand on le regarde ! comme sa voix est douce quand on l’entend, et comme il parle bien de Dieu ! Quand ce serait Belzébuth lui-même qui parlerait