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CONVALESCENCES


Je suis malade du soleil dans la chambre espagnole et je traîne mes journées, clairs fardeaux de l’azur. L’ombre du Téméraire ou de Charles-Quint accrochera peut-être sa Toison d’Or à ce lustre électrique.

En attendant, souvenirs d’amour, entrés dans mon cœur, vous êtes de jolis coups de couteau et vous y tracez les initiales chéries du jour, du mois ou de l’année.

Le médecin m’ordonne la diète, le silence et les boissons tièdes ; cet homme a raison sans doute et si je m’affaiblis, je regarderai ma tasse à thé ; par la fenêtre de bambou dont la mousmé leva le store de massettes, je verrai grandir un cil d’osier dans le lac immobile : il est tiède et pâle et la lune ne le refroidit pas.

Mais plus encore que les jeunes crocodiles, je regrette, Jules Romains, la rue Montmartre à midi et les tartelettes chaudes, avec un gros abricot solitaire. Edé vend toujours de petits croissants feuilletés, qui croquent comme des gâteaux, mais on me dit qu’ils sont indigestes.