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contagieuse échappent à leur jugement. Ce ne sont point des assassins avec des mains décourageantes, des policiers d’une malice d’avare, mais des êtres candides pourvus d’une belle honnêteté avec des petites taches dans leur présent, leur passé et leur avenir.

Enfin, et c’est en quoi nous l’apprécions, l’aventure, n’est pas collective. Elle est individuelle et demande une grande liberté de pensée sinon d’action.

Les grands départs des flottes espagnoles pour les jeunes Amériques m’apparurent toujours comme un déménagement de toutes les Galeries Lafayette, personnel, mobilier et marchandise pour les rives du Congo où les crocodiles affectent le genre des périssoires échouées. Tout ce qui intéresse une collectivité échappe à l’Aventure. La dernière guerre à elle seule suffit à le démontrer.

Le meurtre d’un homme, au point de vue littéraire, et si l’on y tient, passionnel, est plus émouvant que le meurtre de cent mille hommes. Les grands cataclysmes homicides valent moins pour l’agrément du conteur qu’une seule pendaison dans une atmosphère de chair.

On a cru découvrir, depuis la guerre, une renaissance du roman d’aventures. C’est peut-être possible et ceci s’expliquerait assez par l’inquiétude qui domine l’époque où nous cherchons à vivre. Il est également évident que nous sommes influencés par un grand foyer d’aventure : La Russie aux portes fermées.