Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
LA VIE RURALE

Une forêt l’entoure, une forêt profonde,
Que le tonnerre seul de temps en temps émonde.
L’ours y fait sa demeure, et, dans les épaisseurs
Farouches, se dérobe aux balles des chasseurs.
En revanche, une fleur y croît, mince et légère,
Trésor de l’herboriste, espèce de fougère,
Qui ne montre que là sa forme et sa couleur.
Ceux qui ne cherchent pas les ours cherchent la fleur,
Bref, terrible et charmant, c’est un site à connaître.
On fait au bord du gouffre un déjeuner champêtre,
On y mange un pain dur comme ciment romain ;
On boit l’eau du torrent dans le creux de sa main ;
Après quoi l’on revient. Vous êtes avertie ;
Maintenant, voulez-vous être de la partie ?
De la grande nature avez-vous cet amour
Qui fait que l’on se lève avant le point du jour,
Qu’à demi réveillée, et peut-être encor lasse,
On ne prend pas le temps de consulter sa glace,
Qu’on néglige le rouge et la poudre de riz,
Qu’on joint au rendez-vous ses compagnons surpris,
Et que sur le chemin, quoiqu’un peu chiffonnée,
On montre une rivale à l’Aurore étonnée ?