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LA VIE RURALE.


Vous pensez quelle aumône, à ces tristes foyers
Où l’homme le plus riche à peine a des souliers !
Pour mieux gagner son pain, l’errante créature
Parfois, les soirs d’été, dit la bonne aventure.
Les filles, les garçons, au prix d’un liard ou deux,
Consultent par sa voix l’avenir hasardeux.
Vient l’hiver, la saison pour tous ingrate et rude,
Rien, plus rien n’adoucit alors sa solitude.
Neige et glace obstruant les seuils et les sentiers,
En son gîte désert, souvent, des mois entiers,
Elle couve un tison, bois mort, bruyère sèche,
Qu’elle glane partout, car pas un ne l’empêche.
Qui le lui défendrait ne serait pas chrétien ! »

Voilà ce qu’il disait dans ce simple entretien.

Depuis lors, chaque fois que l’automne flétrie
Du bruit de ses vents sourds berce la rêverie,
Je revois ce pays, ce ciel, ce château fort,
Je t’y vois remonter avec ton arbre mort,
Mendiante aux pieds nus, hâve, maigre, débile,
Du vieux bourg délabré lamentable sibylle !