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EAU DORMANTE.


Amants, couples heureux, qui, dans la paix du soir,
Traversez la campagne verte,
Gardez-vous en rêvant de venir vous asseoir
Sur les bords de cette eau déserte !

Des plus riants espoirs, des songes les plus beaux,
Dans cet air, bientôt rien ne reste ;
Ils meurent en plein vol, ainsi que des oiseaux
Égarés sur un lac funeste.

Mais toi, si tu connus l’amère trahison,
Si l’abandon fut ton épreuve,
Viens, et, ne tournant plus tes yeux à l’horizon,
Repose ici ton âme veuve.

Cette eau, ce vaste oubli, pour ton cœur délaissé,
Pourront avoir de tristes charmes,
Et sur le noir bassin, de leur chute plissé,
Tu laisseras tomber tes larmes !