Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
89
UN CHÊNE.

Plus de huit cent moutons, en été, broutent l’herbe,
            À l’ombre de ce parasol.

Dans nos champs, grâce à lui, jamais on ne s’égare
Faut-il s’orienter, cherche-t-on sa maison ?
On se tourne vers lui : toujours à l’horizon.
            L’arbre vous guide comme un phare.

Vers le milieu d’avril, au soleil des beaux jours,
Il faut voir tressaillir ce magnifique chêne ;
Il faut, quand l’ouragan contre lui se déchaîne,
            Entendre ses grondements sourds.

Cet arbre a trois cents ans, on le dit à la ronde.
Alors qu’il s’élevait du sol, au temps ancien,
Colomb, François Premier, Raphaël, Titien,
            Se promenaient de par le monde.

Siècle heureux ! des grands rois, des artistes puissants !
Il faisait bon de naître en ce temps mémorable. —
Il faisait bon surtout d’y naître assez viable
            Pour vivre plus de trois cents ans !

Depuis lors, sans changer de place et d’attitude,
Combien d’événements n’a-t-il pas vus passer !