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Orgueil

ne sont point de pareils griefs dont je veux me plaindre, mais de maux plus réels, et qui doivent nous affecter tous. L’étourderie, le mépris de toute bienséance, dont Lydia fait gloire, nuit, je le sais, à votre réputation, à celle de votre famille. Pardonnez-moi ; mais il faut qu’une fois au moins je m’explique franchement. Si vous, mon père, ne voulez prendre la peine de réprimer les penchans de Lydia, de lui apprendre que ses occupations présentes ne peuvent être celles de sa vie, bientôt on ne pourra plus la corriger, et, à seize ans, elle sera la plus grande coquette qui se soit jamais attiré, à elle-même et à sa famille, la risée de la société ; une coquette aussi des plus ridicules, sans autre charme que la jeunesse et quelque peu de beauté, et ne possédant ni l’esprit, ni le talent de se garantir du mépris auquel son désir extrême de plaire l’exposera sans cesse. Kitty court les mêmes dangers, elle suivra toujours et partout l’exemple de Lydia ; toutes deux vaines, ignorantes,