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ORGUEIL

d’entendre parler d’un bonheur qu’elle ne pouvait espérer partager, fut bien aise de pouvoir enfin souper en repos. Élisabeth commençait à respirer, mais sa tranquillité ne dura qu’un moment, car le souper fini on parla de chanter, et elle eut le chagrin de voir Mary, après une très-légère invitation, se disposer à divertir l’assemblée. Par un regard et des signes très-expressifs, Élisabeth voulait, mais en vain, l’engager à n’être point si complaisante. Mary feignit de ne la pas comprendre : le moyen de perdre une semblable occasion de briller ! Elle commença donc une fort ennuyeuse romance. Élisabeth, les yeux fixés sur elle, écoutait ces plaintifs couplets avec une anxiété, qui à la fin fut mal récompensée ; car Mary eut à peine reçu les complimens d’usage, que, s’imaginant qu’on désirait l’entendre de nouveau, elle se remit à chanter. La vanité de Mary surpassait de beaucoup ses talens : sa voix était faible et son chant affecté. Élisabeth souffrait le martyre ; elle regarda Hélen pour