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gêner en rien ; et l’ombre de l’autorité étant depuis long-temps effacée, elles avaient vécu en amies extrêmement attachées l’une à l’autre, et Emma ne faisait que ce qu’elle voulait ; malgré la haute opinion qu’elle avait du jugement de mademoiselle Taylor, elle ne se conduisait cependant que d’après le sien.

Le plus grand malheur d’Emma, à la vérité, était d’avoir trop de liberté et de trop présumer d’elle-même ; c’est ce qui pouvait un jour porter obstacle au bonheur de sa position. Le danger néanmoins était quant à présent si peu imminent, qu’on ne pouvait en appréhender aucun malheur réel. L’affliction arriva. Une douce affliction, mais elle ne venait pas par sa faute. Mademoiselle Taylor se maria. Ce fut sa perte qui causa le premier chagrin qu’Emma eût ressenti. Le jour des