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LE PRINCE LUTIN

Abricotine s’écria :

— C’est le portrait du généreux étranger qui m’a sauvé la vie !

— Tu feins d’être surprise, dit la princesse, mais c’est toi qui l’as mis ici.

— Moi, madame ? reprit Abricotine ; je vous Jure que de ma vie je n’ai vu ce tableau.

— J’ai peur, dit la princesse, il faut que le démon l’ait apporté.

— Madame, dit Abricotine, il faut le brûler bien vite.

Elle courut chercher du feu. La princesse se mit à la fenêtre pour ne pas voir ce portrait qu’elle regrettait de brûler ; mais Lutin profita de ce moment pour le prendre et pour se sauver sans qu’elle s’en aperçût. Quand Abricotine rentra et qu’elles ne le trouvèrent plus, elles ne surent qu’imaginer. Lutin se trouvait fort heureux de vivre invisible auprès de la