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de Belle Étoile ; il soupira plus d’une fois, et se hâtant de retourner vers elle, il la retira de la plus sensible peine que l’on puisse éprouver.

Il la trouva en arrivant assise sous quelques arbres où elle s’abandonnait à toute son inquiétude ; quand elle le vit à ses pieds, elle ne savait quel accueil lui faire ; elle voulait le gronder d’être parti contre ses ordres ; elle voulait le remercier du charmant présent qu’il lui faisait. Enfin sa tendresse fut la plus forte ; elle embrassa son cher frère, et les reproches qu’elle lui fit n’eurent rien de fâcheux.

La vieille Feintise qui ne s’endormait pas, sut par ses espions que Chéri était de retour, plus beau qu’il n’était avant son départ ; et que la princesse ayant mis sur son visage l’Eau qui danse était devenue si excessivement belle, qu’il n’y avait pas moyen de soutenir le moindre de ses regards sans mourir de plus d’une demi-douzaine de morts.

Feintise fut bien étonnée et bien affligée, car elle avait fait son compte que le prince périrait dans une si grande entreprise ; mais il n’était pas temps de se rebuter : elle chercha le moment que la princesse allait à un petit temple de Diane peu accompagnée, elle l’aborda, et lui dit d’un air plein d’amitié : « Que j’ai de joie, madame, de l’heureux effet de mes avis. Il ne faut que vous regarder pour savoir que vous avez à présent l’Eau qui danse : mais si j’osais vous donner un conseil, vous songeriez à vous rendre maîtresse de la Pomme qui chante, c’est tout