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La parabole se distingue du mythe en ce qu’elle ne donne le fait qu’elle raconte que comme une pure imagination, comme l’enveloppe d’une idée religieuse ; elle diffère de la fable en ce que ses récits, quoique fictifs, ne renferment rien d’invraisemblable, tandis que ceux de la fable manquent à la fois, dit Cicéron (de Invent. I, 45), de vérité et de vraisemblance, les personnages qu’elle fait agir et parler, étant le plus souvent des animaux et des plantes.

La vérité religieuse peut être représentée sous une forme sensible, parce qu’il existe une harmonie intime, fondée sur la volonté de Dieu, entre le Créateur et la créature, et entre les créatures d’un règne et celles d’un autre règne. Tout ce qui est en haut a son image en bas, l’extérieur est le type de l’intérieur. La parabole, rattachant le supra-sensible au sensible, est par là même une partie intégrante de l’enseignement religieux. Mais on peut dire qu’elle est dans un rapport tout spécial avec la personne de l’Homme-Dieu. Indépendamment de la doctrine même qu’il apportait à la terre, sa double nature le prédisposait à ce mode d’enseignement : il devait rendre le divin accessible à l’homme sous une forme créée, comme il avait, sous la forme d’un esclave, approché de nous son éternelle divinité.

Les diverses paraboles de Notre-Seigneur ont toutes un rapport avec le royaume de Dieu, dont elles exposent les propriétés, la relation avec l’humanité et réciproquement. Ainsi elles nous font connaître la nature du royaume de Dieu (Matth. xiii, 31-33, 44-46), la manière dont il arrive à l’homme (Marc, iv, 26-29), dont il se propage (Matth. xiii, 31, 32), les conditions auxquelles il s’obtient (Luc, 16-24), quels sont les sentiments, la conduite, la destinée de ses partisans et de ses adversaires (Luc, xiii, 6-9 ; Matth. xiii, 47-50 ; xxi, 33-44), etc.

Toute parabole a une pensée principale, et les circonstances secondaires doivent être étudiées et interprétées dans leur liaison avec l’ensemble ; cependant elles peuvent aussi, par elles-mêmes, exprimer quelque vérité, pourvu que cette vérité ne s’éloigne pas trop de la vérité principale. Il faut encore observer, dans l’interprétation d’une parabole, que chaque trait de l’image n’a pas nécessairement son application dans la chose représentée, et que l’image ne se superpose pas à son objet aussi exactement qu’un triangle en couvre un autre qui lui est égal et semblable : c’est un ancien axiome qu’aucune comparaison ne convient parfaitement.

Pérée : voy. Palestine.

Pharisiens, secte très-considérée et très influente, qui constituait la caste savante et orthodoxe du judaïsme. Ce nom signifie séparés, et désigné, par conséquent, des croyants qui se distinguent de la masse vulgaire par leur connaissance plus approfondie de la religion et par leurs habitudes de piété. Leur première origine doit remonter aux temps qui ont suivi de près la captivité. La dure épreuve de l’exil avait régénéré le peuple de Dieu ; de retour dans leur patrie, beaucoup de Juifs se mirent à étudier assidûment les Livres sacrés, et s’appliquèrent soit à maintenir, soit même à réunir par écrit les doctrines et les interprétations de la Loi jusqu’alors transmises par la parole. Ainsi se fonda la secte des Pharisiens, dont le nom existait déjà à l’époque des