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d’étonnant qu’on ne pût trouver, dans ce qui nous reste des anciens auteurs, assez de documents pour déterminer quel était, à telle date, surtout dans une période agitée par tant de bouleversements politiques, le souverain d’un État d’origine récente, n’ayant que quelques milliers d’habitants, et presque perdu dans les montagnes.

4° Mais Josèphe lui-même, dont les incrédules opposent le silence à l’assertion de saint Luc, Josèphe atteste clairement l’existence d’un Lysanias postérieur au premier et tétrarque d’Abilène ; son récit suppose la chose connue de tous, et ne serait plus, sans cette circonstance, qu’une énigme incompréhensible. Voici, en effet, ce qu’il raconte : a) Caligula donna à Agrippa Ier, fils d’Aristobule et petit-fils d’Hérode l’Ancien, le titre de roi, avec la tétrarchie de Philippe qui était mort, et bientôt celle d’Hérode Antipas qui fut exilé (Bell. jud. II, ix, 6 ; Antiq. XVIII, vii, 1) ; Claude, allant plus loin encore, lui rendit la totalité du royaume de son aïeul, avec la Trachonitide et l’Auranitide, qu’Auguste y avait ajoutées, et en outre un autre royaume appelé de Lysanias, ou comme disent les Antiquités, Abila de Lysanias, et tout ce qui était dans le Liban ; Hérode, frère d’Agrippa, obtenait en même temps Chalcis (Bell. jud. II, xi, 5 ; Antiq. XIX, v, I. b) Agrippa 1er étant mort de cette fin tragique racontée par Josèphe et dans les Actes, son fils (Agrippa II) parut trop jeune pour être maintenu en Judée, mais Hérode étant mort à son tour, Claude donna Chalcis au jeune Agrippa, c) Enfin lorsqu’il fut plus grand, l’empereur, en la douzième année de son règne, lui reprit Chalcis et lui donna la tétrarchie de Philippe, en y ajoutant le royaume de Lysanias, ou, comme il est dit dans les Antiquités, Abila, qui avait été la tétrarchie de Lysanias (Bell., jud. II, xii, 8 ; XX, vii, 1). — Que l’on compare ces données de Josèphe avec le premier paragraphe de cet article où le même historien nous parle d’un Lysanias, roi de Chalcis, et l’on verra que le royaume de Chalcis étant distinct de la tétrarchie d’Abila, il faut nécessairement que Lysanias, roi de Chalcis, soit différent de Lysasias, tétrarque d’Abila. Qu’on le remarque bien, quand Josèphe parle du royaume de Chalcis, il ne fait jamais mention d’Abila, jusque-là que quelques-uns ont pensé que l’Abilène n’en faisait point partie : que peut donc signifier la locution Abila de Lysanias ? Pour qu’elle ait un sens, il faut deux choses : 1° Que Abila ait été la partie principale du royaume ou de la tétrarchie de Lysanias ; or, quand il s’agit du premier Lysanias, Abila ne figure jamais dans Josèphe ; 2° que Lysanias, dont le nom sert à déterminer Abila, ait gouverné ce pays à une époque assez rapprochée du temps où Josèphe écrivait ; autrement on aurait pu le confondre avec le fils de Ptolémée, or, ce Lysanias, intermédiaire entre Lysanias, fils de Ptolémée. roi de Chalcis, et Agrippa, investi de la tétrarchie de Lysanias en Abilène, c’est le tétrarque mentionné par S. Luc. Ainsi, loin que l’Évangéliste soit contredit par Josèphe, Josèphe ne peut s’expliquer que par l’Évangéliste.

Marie-Madeleine, ainsi appelée du bourg de Magdala, situé à une demi-lieue au sud de Tibériade. Marie-Madeleine, Marie, sœur de Marthe et de Lazare, et la pécheresse dont il est parlé Luc, vii,