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Hérodiens. — Hommes attachés au parti d’Hérode et des Romains. Il en est question trois fois dans l’Évangile : Matth. xxii, 16, Marc, iii, 6 ; xii, 13 ; mais Josèphe et Philon n’en disent pas un mot. La version syriaque du Nouv. Testament les appelle gens de la maison d’Hérode, ce qui indiquerait, non une secte religieuse, mais un parti politique. Ils pourraient néanmoins, en tant que favorables à la domination étrangère sur le peuple de Dieu, et par conséquent opposés au judaïsme théocratique, être regardés comme une secte religieuse proprement dite. Quelques-uns voient dans les Hérodiens de l’Évangile les Boéthusiens mentionnés par Josèphe, famille intrigante remontant à Boéthus d’Alexandrie, dont plusieurs membres, entre autres Simon, père de la seconde Mariamne, furent élevés au souverain sacerdoce par Hérode l’Ancien et ses fils ; mais ce n’est là qu’une simple conjecture. « Le parti des Hérodiens, dit le Dr Sepp, avait commencé à se former vingt ans à peu près avant la naissance de J.-C, lorsque Menahem, esprit fort, quitta la présidence du grand conseil, et passa dans le camp d’Hérode avec quatre-vingts, ou selon d’autres cent soixante de la noblesse juive, qui étaient en même temps ses disciples. Cette coterie d’illuminés, dont les mœurs ressemblaient à celles des épicuriens, formait avec les autres courtisans une faction et comme une secte de cour, sous le titre d’Hérodiens : c’était dans la nation le parti romain ou impérialiste. Ils occupaient presque toutes les charges. Hérode les avait initiés à sa politique astucieuse, et s’était servi d’eux pour bouleverser la constitution et les mœurs du peuple juif… Après la mort d’Hérode, le parti des Hérodiens se répandit en Galilée sous le faible Antipas ; et, malgré l’exil d’Archélaüs, digne fils de son père, il sut garder à la cour et dans le gouvernement l’influence politique dont il avait joui jusque-là.

Iturée : voy. Palestine.

Jéricho, litt. ville de la lune ou lieu odorant, était située dans la tribu de Benjamin, à 150 stades (7 lieues environ) au N.-E. de Jérusalem, sur la route qui mène à cette capitale, dans une contrée agréable et fertile, surtout en baumiers, en rosiers et en palmiers, d’où vient son nom de ville des palmiers. Soit à cause de ses riches cultures, soit comme tête de route importante, elle avait, au temps de N.-S., un poste de douane, dont Zachée était le receveur en chef (Luc, xix, 1 sv.). Ce n’est plus aujourd'hui qu’un misérable village, appelé Rieha, et composé d’une quarantaine de cabanes, moitié en boue, moitié en feuillage, habitées par des Arabes. Ces cabanes sont entourées de haies de nopal et de branches d’arbustes épineux pour les protéger contre les voleurs et les chacals. Le seul monument du passé qui subsiste à Jéricho est une tour de forme carrée, que Scholtz fait remonter à l’époque romaine ; c’est là que réside l’aga ou gouverneur, avec une poignée de soldats turcs. L’arbre lui-même qui faisait sa gloire, le palmier, a disparu de son territoire : il en reste à peine, dit Mgr Mislin, trois ou quatre chétifs exemplaires.

Jourdain (de l’hébreu iarad, couler, comme en Allemagne le Rhin, Rhein, de rinnen), le grand fleuve de la Palestine. Il jaillit d’une double source, l’une située dans une grotte spacieuse qui don-