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naîtrez que je suis dans le Père, et vous en moi, et moi en vous[1]. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et je l’aimerai aussi, et je me manifesterai à lui[2]. Judas[3], non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, comment se fait-il que vous vous

    ont la vraie vie, la grâce sanctifiante, découvrent partout sa présence et son action.

  1. Éclairés par l’Esprit-Saint, vous connaîtrez que je suis dans le Père par l’unité d’une seule essence divine. — Vous en moi, par la régénération vous m’êtes incorporés comme les membres au chef, — Moi en vous, par l’Esprit-Saint, qui habite substantiellement, disent les anciens Pères (SS. Irénée, Cyrille d’Alex., Augustin, etc.), dans les âmes Justes ; en sorte que la grâce sanctifiante est la personne même du Saint-Esprit. Voy. Matth. iii, 13, note. Ainsi il y a ressemblance, mais non égalité, entre l’union du Père avec le Fils, et celle du Fils avec les chrétiens. Bossuet : « En ce jour, lorsque le Saint-Esprit vous sera donné, et encore plus en ce jour où vous verrez à découvert la vérité même, vous verrez mon union intime, substantielle et naturelle avec mon Père, et celle que j’ai contractée avec vous par miséricorde et par votre grâce. »
  2. En venant en lui par le Saint-Esprit, et en lui donnant une connaissance de plus en plus claire des mystères divins, jusqu’au jour où il sera admis dans le ciel à la vision intuitive de Dieu. Ce vers, explique à quelle condition se fera l’union de Jésus-Christ avec l’âme fidèle : « Quand sera-ce, ô Seigneur, que vous m’admettrez à ce secret, à cette vue intime et parfaite de votre Père et de vous ? Quand vous verrai-je, ô Père et Fils, ô Fils et Père ? Quand verrai-je votre parfaite unité, et la manière admirable dont vous demeurez l’un dans l’autre, lui en vous, et vous en lui ? Quand vous verrai-je, ô Dieu qui sortez de Dieu, et qui demeurez en Dieu, ô Dieu, Fils de Dieu ?… O Père, je serai heureux quand je verrai votre face ! Mais votre face, votre manifestation, c’est votre Fils ; c’est le miroir sans tache de votre incompréhensible majesté, de votre beauté immortelle, l’image de votre bonté parfaite, la douce vapeur, l’émanation de votre clarté et l’éclat de votre éternelle lumière (Sag. vii, 25-26) : en un mot, votre pensée, votre conception, la parole substantielle et intérieure par laquelle vous exprimez tout ce que vous êtes : parfaitement et exactement un autre vous-même : qui sort sans retranchement du fond de votre substance. Je me perds, je crois, j’adore ; j’espère voir, je le désire : c’est là ma vie. » Bossuet.
  3. Saint Jude, appelé aussi Thaddée, ou Lebbée, frère de saint Jacques le mineur, et fils d’Alphée et de la sœur de la sainte Vierge. Cet apôtre était préoccupé de l’idée d’un royaume terrestre du Messie qui devait embrasser tous les peuples.