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je rende témoignage moi-même de moi, mon témoignage est véritable, parce que je sais d’où je viens et où je vais[1] ; pour vous, vous ne savez ni d’où je viens ni où je vais. Vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne[2]. Et si je juge, mon jugement est illégitime, parce que je ne suis pas seul, mais moi, et le Père qui m’a envoyé[3]. Et il est écrit dans votre Loi que le témoignage de deux hommes est véritable[4]. Or, moi-même je rends témoignage de moi, et mon Père qui m’a envoyé en rend aussi témoignage[5]. Ils lui dirent donc : Où est votre Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous me connaissiez, peut-être connaîtriez-vous aussi mon Père[6]. Jésus parla de la sorte dans le parvis du Trésor[7], lorsqu’il enseignait dans le temple ; et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

  1. Parce que je sais que je suis le Fils de Dieu, envoyé sur la terre pour sauver les hommes, et, la rédemption accomplie, retourner vers mon Père. Ce que je dis est donc l’irréfragable vérité. Saint Augustin.
  2. Vous me jugez selon les apparences extérieures, et vous me condamnez comme un imposteur. — Je ne juge, je ne condamne : comp. iii, 17. Le P. Patrizzi, après juge, sous-entend : selon la chair.
  3. Notre-Seigneur passe de l’idée de jugement à celle de témoignage (vers. 13) ; selon d’autres (Allioli, etc.), juger est mis dans ce vers, pour rendre témoignage.
  4. Deuter. xix, 13.
  5. Ce témoignage du Fils et du Père consistait dans les œuvres de Jésus, que tout esprit sans préjugé devait reconnaître comme des œuvres divines.
  6. La réponse directe serait : Mon Père est au ciel. Jésus répond indirectement : Votre question prouve que vous ne connaissez ni, etc. — Le grec serait mieux traduit sans ajouter peut-être, comme la Vulg. elle-même le fait xiv, 7.
  7. D’après Marc, xii, 41, et Josèphe (Bell. v, 5, 3), le Trésor, ou Gazophylacium, se trouvait dans le parvis des femmes. Les Rabbins disent qu’il consistait en 13 troncs, où l’on déposait les offrandes des Juifs, soit volontaires, soit imposées par la loi, pour l’usage du temple et la subsistance des pauvres.