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L’Évangile de saint Luc une fois reconnu pour authentique, et nous avons vu que ce point est admis par les critiques de toutes les écoles, on trouve en lui tous les motifs désirables de crédibilité ; il est même rare qu’un historien ait écrit dans des circonstances plus favorables à la confiance qu’il doit inspirer.

« Son Prologue, dit le docteur Tholuck[1], nous révèle tout d’abord un homme qui connaît la différence de l’histoire et de la tradition populaire, et qui veut écrire une histoire. Josèphe commence d’une manière analogue son Histoire de la guerre des Juifs. — Refusera-t-on au Prologue de saint Luc la confiance qu’on accorde à celui de Josèphe ?

» Voici les renseignements que nous donnent ces premières lignes : 1o Aux yeux de l’Évangéliste[2], c’était une hardiesse qui avait besoin d’excuse, de raconter les événements de la vie du Sauveur, sans en avoir été témoin oculaire. Les garanties d’exactitude historique avaient donc, dans son estime, la plus haute importance. 2o Dès les premiers temps du christianisme, un grand nombre de chrétiens ont senti le besoin de fixer par l’écriture la tradition orale sur Jésus. 3o Ils se sont attachés pour cela aux témoins oculaires. 4o Luc ne crut pas pouvoir se dispenser d’une enquête précise, et, dans cette enquête, il est remonté jusqu’à l’enfance de Jésus. 5o Son but même nous garantit l’exactitude de ses recherches ; il a pour but, en effet, d’environner d’une lumière plus grande la foi chrétienne, en élevant l’abrégé historique propagé par les catéchistes aux proportions d’une histoire

  1. Crédibilité de l’histoire évangélique. Nous suivons la traduction de M. Valroger. — Le docteur Tholuck est protestant.
  2. Luc, i, 1-4.