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éclat a brillé la miséricorde de Dieu à notre égard. il a daigné naître parmi les hommes, qu’il avait lui-même formés du limon de la terre. Par sa naissance, il a réparé leurs ruines ; il les a rachetés en mourant pour eux, et, après sa mort, il les a arrachés des abîmes profonds. Il a fallu qu’il nous aimât beaucoup pour prendre sur lui nos péchés, quoiqu’il fût juste, et pour se charger de nos crimes, malgré son innocence. Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, nous a délivrés des mains de nos ennemis, par cela même qu’il est descendu des cieux et que, après avoir subi les atteintes de la mort, il est sorti vivant et glorieux du tombeau, traînant à sa suite, dans son royal triomphe, tous les captifs dont il avait brisé les chaînes. Qu’à lui soient la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

VINGT-NEUVIÈME SERMON. POUR LA NATIVITÉ DU SAUVEUR. IX

ANALYSE. —1. La naissance du Christ nous fait admirablement connaître l’amour de Dieu pour nous.—2. Cette naissance n’est pas sa première et éternelle naissance, mais la seconde et la temporelle. —3. Elle a été précédée de l’existence de la mère de Jésus, en qui la virginité et la fécondité se sont trouvées merveilleusement unies.—4. Dans la naissance du Christ se manifeste un ineffable mystère.—5. Le Christ, venant au monde, était un homme véritable car il voulait sauver les hommes ; et faire d’eux les enfants de Dieu. —6,. Les paroles par lesquelles on explique le mystère de l’incarnation semblent se contredire ; pourtant, il n’y a aucune contradiction dans l’enseignement de l’Église. —7. Il faut donc croire fermement à ce que là sainte Église croit et enseigne sur ce mystère, et, en particulier, sur les deux naissances du Christ : différences et rapports qui existent entre elles. —8. Considérons avec une vive reconnaissance quels admirables bienfaits nous ont procurés les mystères de l’incarnation et de la rédemption. —9. Il n’y a donc qu’un seul Christ, Dieu et homme tout ensemble, qui soit né et mort pour nous.

1. Frères bien-aimés, l’amour tout gratuit de Dieu pour nous trouve sa preuve dans la naissance temporelle, et selon la chair, du Fils de Dieu, notre Seigneur, dans cette naissance décidée avant tous les siècles, effectuée en ce monde, annoncée d’avance par les Prophètes, prêchée par les Apôtres, cachée, pendant l’ancienne alliance, sous des figures choisies, révélée, au temps de la nouvelle, par d’incontestables preuves, promise à nos Pères, manifestée à nos regards. En effet, Dieu nous a montré une affection entièrement bénévole, puisque, sans que nous l’ayons mérité, il nous a donné son Fils unique pour rédempteur. « Le Seigneur a envoyé un ré« dompteur à son peuple[1] ». Voici, au dire du bienheureux Paul, ce que nous devons penser du Christ : « Il nous a été donné de Dieu comme notre sagesse, notre justice, notre sanctification, notre rédemption[2] ».

2. Nous célébrons aujourd’hui cette naissance du Fils de Dieu ; toutefois, en venant au monde, il est sorti, non point du sein de son Père, mais du sein de la Vierge, sa mère il a fait précéder cet événement du commencement du monde, et, ce qui est plus admirable encore, de la plénitude des temps[3]. Celui que le Père éternel a engendré en dehors de tous les temps a voulu naître ainsi, et, en naissant de la sorte, le Fils a daigné être envoyé par le Père, sans pouvoir, néanmoins, jamais se séparer de lui. Cette naissance n’est donc pas sa première, mais sa seconde.

3. Cette seconde naissance du Fils de Dieu a été précédée de l’existence en ce monde de

  1. Psa. 110, 9.
  2. 1Co. 1, 90
  3. Gal. 4, 4.