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VINGT-SIXIÈME SERMON. POUR LA NATIVITÉ DU SAUVEUR. VI

ANALYSE. —1. Jour de la nativité du Christ, jour de joie. —2. Salutation de l’Ange. —3. Incarnation du Verbe. —4. La vraie beauté, c’est la chasteté.

1. Frères bien-aimés, un saint et solennel jour vient de luire pour le monde ; réjouissons-nous donc et tressaillons d’allégresse. Aujourd’hui le soleil s’est levé sur l’univers ; aujourd’hui les ténèbres du siècle ont vu apparaître au milieu d’elles la seule vraie lumière ; aujourd’hui nos yeux sont éclairés d’un jour plus vif que celui du soleil ; car ce qu’attendaient les anges et les archanges, les chérubins et les séraphins, ce qu’ignoraient les serviteurs célestes du Très-Haut, s’est fait connaître de notre temps, afin que, nous aussi, nous pussions, avec justice, répéter ces paroles du prophète David : « Seigneur, vous avez fait briller à nos yeux la lumière de a votre visage ; vous avez inondé de joie notre cœur[1] ». Admirable lumière ! lumière véritable, s’il en fut, c’est elle qui « éclaire tout homme[2] ». Qu’est-ce que cette lumière, me diras-tu ? Je te réponds aussitôt : C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est la vraie lumière ; voilà le véritable soleil, la splendeur par essence. Le Prophète a dit de lui : « Le soleil de justice s’est levé pour nous[3] ». « Il était », ajoute l’Évangéliste, « il était la lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde[4] ». O la suave et douce lumière du visage de Dieu ! le peuple du Christ a obtenu la faveur d’en être éclairé. Qu’est-ce que le Christ ? le visage de la lumière, le visage de Dieu. Qu’est-ce que le Christ ? le visage et la sagesse de Dieu. Qu’est-ce que le Christ ? la lumière de l’ineffable lumière. O, mes frères ! quelle peut être cette lumière, puisqu’elle nous a engendré une pareille lumière !

2. Le saint prophète David a dit dans un cantique, ou plutôt, la voix du Père a dit par l’organe de ce prophète : « De mon cœur s’est échappée une bonne parole[5] ». Écoutez, mes frères, cette bonne parole qui s’échappe du cœur. Écoutez l’ange Gabriel ; voici ce qu’il dit à la Vierge Marie, au moment où il lui fait connaître les clauses du généreux contrat que Dieu va conclure avec elle. Écoutez, vous dis-je, le messager céleste, descendu des marches du trône de l’Éternel, pour annoncer le mystère de la bienheureuse conception et de la naissance du Roi suprême. « L’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge qu’un homme, nommé Joseph, de la maison de David, avait épousée ; et le nom de cette vierge était Marie ». Il entra dans sa maison et lui dit : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni ». Et Marie fut troublée en le voyant s’approcher d’elle et en l’entendant lui adresser ces paroles de bénédiction. L’ange vit son trouble et ajouta : « Marie, ne craignez point, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voilà que vous concevrez dans votre sein, et que vous enfanterez un fils, et vous l’appellerez du nom d’Emmanuel, c’est-à-dire, Dieu avec nous. Il sera grand, et s’appellera le Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin[6] ». Marie a entendu, elle a cru ; aussi a-t-elle conçu et enfanté. Elle a entendu la bonne parole, elle y a cru par la foi, elle a corporellement

  1. Psa. 4, 7
  2. Jn. 1,9.
  3. Mal. 4, 2
  4. Jn. 1, 9
  5. Psa. 44, 1
  6. Luc. 1, 26-33.