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adultère le pardon de ses fautes, mais encore ce qu’il a voulu nous enseigner en se rendant sur le mont des Oliviers, en venant de nouveau dans le temple au commencement du jour, en écrivant avec son doigt sur la terre ; par là il nous a figurativement enseigné qu’il est le Père des miséricordes, le Dieu de toute consolation, que c’est lui qui met l’homme en possession de la lumière indéfectible, et qu’il est tout à la fois l’auteur de la loi et de la grâce. « Je suis la lumière du monde ». C’était dire en d’autres termes : « Je suis la lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde[1] ». Je suis le soleil de justice qui brille aux yeux de ceux qui craignent Dieu. Je me suis caché derrière le nuage de la chair, non pour me dérober aux regards de ceux qui me cherchent, mais pour ménager leur faiblesse ; ainsi pourront-ils guérir les yeux de leur âme, purifier leurs cœurs par la foi et mériter de me voir moi-même. Car, « bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu[2] ». « Quiconque me suit, ne marche point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de vie ». Quiconque, en ce monde, suivra mes préceptes et mes exemples, n’aura pas à redouter, pour l’autre, les ténèbres de la damnation ; au contraire, il contemplera la lumière de vie, au sein de laquelle il puisera l’immortalité.

7. Mes frères, puisse la foi, qui agit par la charité, nous faire marcher, en cette vie, à la lumière de la justice : ainsi mériterons-nous de voir face à face celle dont la vue récompensera et augmentera le mérite de notre charité ; car le Christ nous l’a affirmé en ces termes : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et, moi aussi, je l’aimerai et je me montrerai moi-même à lui[3] ». Approchons-nous, avec toute l’ardeur dont nous sommes capables, de celui qui se trouvait ostensiblement sur la montagne des Oliviers. « Le Seigneur son Dieu l’a sacré d’une onction de joie qui l’a élevé au-dessus de ceux qui doivent la partager[4] », afin qu’il daigne nous rendre participants de cette onction qu’il a reçue, c’est-à-dire de la grâce spirituelle ; néanmoins, nous ne mériterons d’entrer en partage avec lui qu’à la condition d’aimer la justice et de haïr l’iniquité, car avant de prononcer les paroles précitées, le Psalmiste a dit aussi du Christ : « Vous avez chéri la justice et détesté le péché[5] ». Par là, sans doute, le Prophète a voulu faire l’éloge du chef ; mais il a prétendu encore montrer aux membres qui pourraient un jour en dépendre la manière dont ils devraient se conduire. Souvenons-nous que le Sauveur est venu dans le temple au commencement du jour, et faisons tous nos efforts pour que notre Créateur trouve en nous un temple ; écartons de nous les ténèbres du vice, marchons à la lumière des vertus : alors Dieu daignera visiter nos cœurs, il nous formera à la pratique des enseignements célestes, et toutes les souillures qui pourraient se rencontrer en nous disparaîtront par l’effet de la bonté de ce Dieu qui vit et règne avec le Père, dans l’unité du Saint-Esprit, pendant tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Jn. 1, 9
  2. Mat. 5, 8
  3. Jn. 14, 21
  4. Psa. 44, 8
  5. Jn. 13, 8