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homme. —3. L’orateur fait voir la sagesse du Christ, par le développement de sa réponse aux Pharisiens. —4. De là il suit que chacun doit se juger avant de juger les autres. —5. Le Christ accorde à la femme adultère le pardon de son péché. Autres interprétations mystiques de cette circonstance. —6. Le Christ donne les preuves de sa puissance. —7. Exhortation morale.

1. Frères bien-aimés, nous devons faire de la présente leçon du saint Évangile une étude d’autant plus approfondie, nous devons en conserver un souvenir d’autant plus durable, qu’elle nous donne une plus haute idée de la miséricordieuse bonté de notre Créateur. Vous l’avez entendu, des accusateurs méchants avaient amené devant lui une femme adultère ; au lieu de la condamner à être lapidée, comme le voulait la loi de Moïse, le Sauveur força les accusateurs de cette femme à reporter leur attention sur eux-mêmes et à se prononcer sur le compte de la pécheresse avec l’indulgence qu’eût réclamée pour eux-mêmes leur propre faiblesse bien constatée. Remarquons, toutefois, que l’Écriture emprunte d’ordinaire aux circonstances de temps et de lieu, et quelquefois de l’un et de l’autre, l’occasion d’indiquer d’avance les événements dont elle doit faire ensuite le récit ; aussi, avant de raconter avec quelle miséricorde le Rédempteur a tempéré et interprété la loi, l’Évangéliste dit-il d’abord que « Jésus vint sur la montagne des Oliviers, et » qu’« au commencement du jour, il parut de nouveau dans le temple[1] ». En effet, le mont des Oliviers représente l’infinie bonté, la grande miséricorde du Seigneur ; car le mot grec ολεος signifie, en latin, miséricorde ; une onction d’huile apporte d’habitude du soulagement à des membres fatigués et malades ; enfin, l’huile est si légère et si pure, que si tu veux la mélanger avec n’importe quel autre liquide, elle remonte aussi vite au-dessus de ce liquide et se tient à la surface : image assez fidèle de la grâce et de la miséricorde du Seigneur. Au sujet de celle-ci, il est écrit : « Le Seigneur est bon pour tous, et sa commisération repose sur toutes ses œuvres[2] ». Le commencement du jour représente aussi l’aurore de la grâce qui, après avoir dissipé les ombres de la loi, devait amener à sa suite le soleil brillant de la vérité évangélique. « Jésus vient donc en la montagne des Oliviers » pour montrer qu’en lui se trouve la forteresse de la miséricorde ; et « au commencement du jour il paraît de nouveau dans le temple », pour nous faire en tendre qu’avec la lumière naissante du Nouveau Testament, les trésors de cette même miséricorde devaient s’ouvrir et se répandre sur les fidèles, qui sont vraiment son temple.

2. Et, dit l’Évangéliste, « tout le peuple vint vers lui, et, s’étant assis, il les instruisait[3] ». Le Christ s’assied ; par là, il nous fait voir combien il s’est humilié en se faisant homme, pour apporter à nos maux le remède de son infinie miséricorde. Voilà aussi la raison de ce précepte du Psalmiste : « Levez-vous, après que vous vous serez assis[4] ». Ou, en d’autres termes plus nets : Levez-vous, non pas avant, mais après que vous vous serez assis ; car lorsque vous vous serez vraiment humiliés, vous aurez tout lieu d’espérer que les joies célestes deviendront votre récompense. L’Évangéliste nous rapporte avec un véritable à propos que Jésus s’étant assis pour enseigner, tout le peuple vint vers lui en effet, lorsque, par l’humilité de son incarnation, il nous a eu manifesté sa miséricorde en se rapprochant de nous, ses leçons ont été reçues plus volontiers et par un grand nombre d’hommes ; car la plupart, entraînés par l’orgueil et l’impiété, en avaient précédemment fait mépris. « Ceux qui ont le cœur doux ont entendu et se sont réjouis ». Ils ont loué le Seigneur avec le Psalmiste, et ils ont ensemble exalté son saint nom. Les envieux ont entendu : « Ils ont été brisés et ne se sont point repentis[5] ». Ils l’ont tenté, se sont moqués de lui, ont grincé des dents contre lui. Enfin, pour l’éprouver, ils lui amenèrent une femme surprise en adultère, et lui demandèrent ce qu’il fallait faire de cette malheureuse que la loi de Moïse condamnait à être lapidée. S’il déclarait qu’elle devait être lapidée, ils le tourneraient en ridicule pour avoir oublié les leçons de miséricorde qu’il leur avait toujours adressées ; si, au contraire, il s’opposait à sa lapidation, ils grinceraient des dents contre lui et trouveraient un motif, réel pour le condamner lui-même comme autorisant le vice et enfreignant les prescriptions de la loi. Mais à Dieu ne plaise que l’imbécillité terrestre ait trouvé de quoi dire et que la sagesse d’en haut n’ait

  1. Jn. 8, 1-2
  2. Psa. 144, 12
  3. Jn. 8, 2
  4. Psa. 33, 2
  5. Id. 34, 16