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et qu’il nous invite, au contraire, à nous élever jusqu’à lui par la sincérité de notre repentir, par la correction de nos mœurs et par la confession de nos fautes. Conformément à cette parole du Psalmiste : « Entrez dans son sanctuaire en confessant vos fautes[1], etc ; quand nous confessons nos fautes avec larmes, nous entrons par la porte de la voie étroite ; mais lorsqu’ensuite nous aurons le bonheur ineffable d’être introduits dans le séjour de la vie éternelle, nous franchirons le seuil de notre patrie en confessant la gloire et la puissance du Très-Haut ; car il n’y aura plus pour nous de porte étroite le jour où nous entrerons en possession du bonheur et de la joie éternels. Alors nous célébrerons par nos louanges Celui que nous savons s’être humilié jusqu’à se revêtir d’une chair semblable à la nôtre, jusqu’à devenir notre frère, afin de nous préparer à tous une place dans le royaume éternel.

8. Tous nos désirs donc doivent avoir pour objet suprême d’être réunis-le plus prochainement possible à Celui en qui nous trouverons tous les biens ; à Celui qui, de toute éternité, habite les demeures éthérées, qui possède avec le Père la même puissance, le même éclat et la même splendeur ; à qui sont dus les mêmes hommages et des adorations identiques ; à qui appartient la même autorité ; près de qui enfin les plus hautes puissances ne sont que néant, et dont le règne subsiste dans les siècles des siècles.

TROISIÈME SERMON. SUR JOSEPH.

ANALYSE. —1. Après la mort de Joseph, les Juifs sont réduits à l’état de captivité.—2. Interprétation allégorique de l’histoire de ce patriarche.—3. Interprétation également allégorique de la délivrance accomplie par Moise et Aaron. —4. Il faut d’abord fuir l’Égypte, si l’on veut offrir à Dieu un sacrifice de louanges véritables.

1. Ainsi que la lecture de l’Ancien Testament nous l’a appris, mes bien-aimés, le trône d’Égypte fut, après la mort de Joseph, occupé par un nouveau roi qui n’avait point connu ce patriarche et qui entreprit d’anéantir la multitude des enfants d’Israël. Il les exerçait à préparer l’argile, à confectionner des briqués, à battre les grains, et il les contraignait à se livrer à ces travaux jusqu’à l’épuisement de leurs forces. C’est pourquoi, fatigués d’un long esclavage et accablés sous le poids de travaux hors de proportion avec les forces humaines, ils adressèrent, par la bouche de Moïse et d’Aaron, cette prière à Pharaon. « Laissez-nous sortir d’Égypte ; après trois jours de marche nous serons dans le désert et nous pourrons offrir des sacrifices à notre Dieu[2] ».

2. Cette histoire, mes bien-aimés, si l’on veut s’en tenir à la surface de la lettre, présente un sens très-clair et très-manifeste ; elle est si belle, elle brille par elle-même d’un tel éclat, qu’il suffit de la lire simplement pour en être édifié. Mais vos esprits en seront bien plus grandement édifiés encore, si, écartant l’écorce de la lettre qui tue, nous pénétrons jusqu’a la moelle, c’est-à-dire jusqu’à l’interprétation spirituelle ; ou, pour revêtir ma pensée d’une autre forme, si, posant comme fondement les faits historiques rapportés dans ce passage de l’Écriture, nous élevons dessus l’édifice sublime d’une interprétation allégorique. Et d’abord, mes bien chers frères, nous sommes nous-mêmes les enfants d’Israël, nous qui, par la faute de nos premiers parents, avons été tristement expulsés du paradis de délices, de la région de lumière et de

  1. Psa. XCIC
  2. Exo. 5, 1-3