Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée


Les fêtes de Pâques sont terminées, l’alleluia est rentré dans le silence ; mais pourtant ce n’est plus la tristesse, car nous avons reçu ce précieux gage du Saint-Esprit, et par lui nous possédons chaque jour l’heureux avantage de vivre avec Jésus-Christ et par Jésus-Christ, de nous préparer dans l’innocence à la célébration de nouvelles fêtes pascales.


PREMIER SUPPLÉMENT. – TROISIÈME SECTION. – SERMONS SUR LES SAINTS.

QUARANTE-CINQUIÈME SERMON. DE LA CHASTETÉ DU PATRIARCHE JOSEPH.

ANALYSE. —1. Introduction à l’histoire de Joseph. —2. Joseph est vendu comme esclave pour être conduit en Égypte. —3. Il est exposé à la séduction. — 4. Il repousse victorieusement la tentation. —5. Il subit l’épreuve de la calomnie et se prépare ainsi à sa gloire future.


1. Il nous est doux, mes frères, de décrire cet admirable combat, dans lequel Joseph est resté vainqueur d’une infâme passion. Il nous est doux de révéler ces luttes mystérieuses, parce que la vigilance déployée par les martyrs a rendu leur victoire éclatante. Nous ne devons pas cacher comment les ruses de l’ennemi ont pu être déjouées, car de semblables manifestations augmentent le courage des partisans de la chasteté. De telles luttes donnent de la hardiesse aux combattants : voilà pourquoi nous devons en rendre témoins les âmes chastes et pudiques, car en leur montrant Joseph couronné pour sa chasteté et l’Égyptienne vaincue dans ses séductions, nous ne ferons que mieux ressortir la confusion profonde dont le démon reste couvert aux yeux de tous les hommes.
2. Le bienheureux Joseph était d’une noble origine, brillant de jeunesse, d’une beauté magnifique et d’une chasteté plus ravissante encore. Poussés par une coupable jalousie plutôt que par l’amour de richesses dont ils ignoraient le prix, ses frères le vendirent à des Ismaélites, qui devaient le conduire comme un vil esclave en Égypte. À peine arrivé dans ce pays, il est de nouveau mis en vente ; une seconde fois il est enlevé, vendu, acheté ; mais, en réalité, ce qui l’attend, ce n’est pas la servitude, mais la plus haute destinée. En effet, ce n’est point l’empire de l’homme qu’il subit, mais celui de Dieu qui veut glorifier en lui la chasteté et qui ne permet que son serviteur soit vendu une seconde fois que pour mieux prouver que sa liberté reste entière et complète. Celui qui est vendu comme esclave est constitué maître souverain. Toutefois sa puissance même reste cachée ; humble enfant, il croissait, servait fidèlement ses maîtres, brillait par la dignité de ses mœurs, portait la pureté dans son âme, cachait la noblesse de sa naissance et montrait dans sa conduite une sainte indépendance. O vente honteuse et sublime acquisition ! Il est esclave et libre ; esclave par la jalousie de ses frères et libre pour la justice ; esclave pour ne pas détruire la charité, libre pour venger la chasteté ! Il sert fidèlement et il combat courageusement. Il est resté fidèle et a mérité de parvenir au comble de la gloire. Il règne en maître, parce qu’en résistant aux ténébreuses séductions d’une femme criminelle, il a conservé sans tache la fidélité à son maître.
3. Ainsi donc, le chaste Joseph est vendu, livré à une famille égyptienne et destiné à servir fidèlement le roi Pharaon. Il est estimé par son maître et aimé par sa maîtresse. L’estime