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qui est le Dieu béni dans tous les siècles[1] ». Sa ceinture est formée par les Prophètes, dont les oracles constituent l’indissoluble nœud de la discipline. Ses chaussures sont représentées par les Apôtres, qui ont été envoyés aux extrémités, c’est-à-dire à la fin du siècle, et dont il est dit dans la sainte Écriture : « Qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui évangélisent les biens ! [2] » Dans ce royaume nous voyons briller les martyrs comme des pierres précieuses, les confesseurs comme des émeraudes, les fidèles comme des améthystes, les vierges comme des perles. Jésus-Christ, roi éternel, porte la pourpre royale et éclatante de sa passion, le sceptre de l’empire, le siège de la justice, le trône auguste de la souveraine puissance. Il a souffert pour ceux qui croient, il régnera pour ses saints, il jugera tous les rebelles. Que celui qui désire la santé ne se révolte pas contre le médecin ; la foi nous rend les amis du roi, l’incrédulité ferait de nous des coupables soumis à sa justice.
4. Celui dont l’origine est toute céleste est descendu du ciel, il est descendu jusqu’aux enfers, afin de délivrer l’homme ; et c’est ainsi qu’après s’être humilié jusqu’à la mort et la mort de la croix, Jésus-Christ ressuscité rentre en vainqueur dans les splendeurs du ciel. C’est là un mystère, mais c’est là un fait, et ce fait est cru fermement, comme il est prêché fidèlement. Dans la passion du Sauveur, le soleil refusa sa lumière, les ténèbres s’épaissirent, le jour s’enfuit, la nuit déroula son obscur et horrible rideau sur toute la face du monde ; les astres pleurèrent ce cruel parricide, la lune joignit son deuil à celui du soleil, toute la nature resta consternée de la cruauté des Juifs. Dans ce combat de Jésus-Christ contre le démon, du faible contre le fort, de l’homme désarmé contre le fort armé, dans ce duel de David contre Goliath, la victoire est restée à Jésus-Christ contre son puissant et cruel adversaire ; dépouillé de ses vêtements, le corps attaché à la croix, le Sauveur âgé seulement de trente-trois ans a triomphé du démon, non point par le glaive, mais par le rayonnement de sa croix. Il est descendu aux enfers, il a opprimé les enfers, il en a délivré ceux qu’il a voulu, et après sa résurrection il a instruit ses disciples. Lorsqu’il enseigne, il est la raison ; lorsqu’il juge, il est la loi ; lorsqu’il délivre, il est la grâce ; lorsqu’il souffre, il est l’agneau ; lorsqu’il est enseveli, il est homme ; lorsqu’il ressuscite, il est Dieu. À nous aussi il a promis la résurrection et la récompense éternelle. A des hommes terrestres il donne les choses célestes, à des hommes mortels il donne l’immortalité, à des cadavres il donne des âmes vivantes, à des hommes fragiles il donne la résurrection, il donne la vie aux morts et le salut à ceux qu’il a régénérés. Mes frères, conservons cette foi, afin que nous méritions de vivre éternellement avec notre Dieu et notre Sauveur.

TRENTE-NEUVIÈME SERMON.

POUR LE SECOND DIMANCHE DE PÂQUES.

ANALYSE. —1. Résumé de l’histoire de la Passion. —2. Jésus-Christ saisi par les Juifs. —3. Le Sauveur couronné d’épines et roi de dérision. —4. Jésus-Christ couvert de crachats, meurtri et crucifié. —5. Jésus-Christ aux enfers. —6. Jésus-Christ ressuscitant.


1. Dans ce jour sacré, c’est pour moi, mes frères, une bien douce jouissance de vous entretenir de la passion du Sauveur et de sa résurrection. Rappelons brièvement les faits dans l’ordre où ils se sont passés, car la vérité ne demande qu’à être exposée. Nous savons

  1. Rom. 9, 5
  2. Id. 10, 15