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vous en remettez à la toute-puissance de Dieu. Remettez-vous-en donc à la puissance de Dieu, quand on vous dit que le Sauveur est né d’une vierge, et que sa mère est restée vierge avant et après l’enfantement. À l’occasion de la construction du temple, nous lisons dans le livre d’Ézéchiel : « Cette porte orientale, qui regarde l’Orient, sera toujours fermée, et personne n’entrera par elle[1] », à l’exception du pontife. La porte est fermée, et personne n’entre par cette porte, si ce n’est le pontife.

2. Le tombeau du Sauveur avait été creusé dans un rocher très-dur qui n’offrait aucun interstice, et il est écrit que ce sépulcre était tout neuf et n’avait pas encore servi. Rien de si facile à saisir que ce fait selon le sens littéral, et c’est tout d’abord du sens littéral que nous devons nous occuper. Or, d’après ce sens, le tombeau avait été taillé dans une pierre très-dure, et Jésus-Christ fut déposé dans un sépulcre neuf ; de plus, une grande pierre avait été placée à l’entrée du sépulcre et un poste de soldats était chargé de garder cette entrée du sépulcre, pour empêcher qu’on ne vînt enlever le corps ; or, toutes ces circonstances devaient faire mieux ressortir la puissance déployée par le Sauveur dans sa résurrection. S’il se fût agi d’un simple tombeau, ils auraient pu dire : Les disciples ont creusé la terre et emporté le corps. Si la pierre eût été petite, ils auraient pu dire : La pierre était petite et pendant que nous dormions ils l’ont enlevée. Enfin, que lisons-nous dans l’Évangile ? « Le lendemain, les Scribes, les Pharisiens et les prêtres vinrent trouver Pilate et lui dirent : Maître, ce séducteur a annoncé qu’il ressusciterait ; aussi, pour empêcher que ses disciples ne viennent, ne l’enlèvent et ne disent : Il est ressuscité, ce qui constituerait une erreur pire que la première, donnez-nous des hommes pour garder le tombeau et rendre impossible l’enlèvement du corps. Pilate leur dit : Vous avez une garde, allez et faites ce qu’il vous plaira[2] ». La sollicitude des Scribes et des ennemis du Sauveur confirme notre foi. Pharisiens, gardez, gardez ce tombeau ; Dieu ne peut être enfermé nulle part, Dieu ne peut être enchaîné dans un sépulcre ; car c’est lui qui a fait le ciel et la terre ; le ciel et la terre sont renfermés dans le creux de sa main et de trois doigts il porte le monde ; or, celui qui tient dans sa main le monde tout entier ne peut être enfermé dans un sépulcre.

3. Enfin des saintes, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, animées d’un pieux dessein, mais victimes d’une erreur, cherchaient le Sauveur dans le tombeau. Leur bonne volonté fut louée, mais leur erreur fut réfutée. Cet Ange qui roulait la pierre, était assis sur la pierre. Et que montrait-il ? Cette pierre sur laquelle je suis assis ne peut enchaîner mon Seigneur, puisqu’elle est foulée par son serviteur ; par conséquent, cette pierre n’a pu enchaîner Jésus. Il dit donc aux femmes qui venaient chercher le Sauveur : « Vous cherchez Jésus, il n’est plus ici[3] ». Où est-il ? Au ciel ? Il est au-delà des cieux. Sur la terre ? Il est au-delà de la terre. Il est partout où vous voudrez ; il est tout entier partout où vous êtes, partout où vous êtes et partout où vous puissiez être, vous qui le cherchez, vous êtes en celui que vous cherchez. Écoutez donc ce que dit l’ange aux saintes femmes : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui est plein de vie ? Pourquoi cherchez-vous le Seigneur dans un tombeau[4] ? » Vous cherchez Jésus, vous cherchez le Seigneur, parce que si vous cherchiez seulement Jésus, vous sauriez certainement qu’il est vivant, vous l’entendriez vous dire : « Au milieu de vous il en est un que vous ne connaissez pas[5] ». « Le royaume de Dieu est au dedans de vous[6] ». L’ange dit donc aux saintes femmes : Vous cherchez Jésus dans le tombeau, croyez qu’il est ressuscité et que vous avez en vous-mêmes Celui que vous cherchez.

4. Marie-Madeleine, en apercevant le Seigneur, le prit pour le jardinier ; c’était une illusion de sa part, mais une illusion qui avait aussi sa raison d’être. Jésus n’était-il pas véritablement le jardinier de son paradis, des arbres du paradis ? « Elle pensait que c’était le jardinier[7] », et elle voulut s’attacher à ses pieds. Et que lui dit le Seigneur ? « Gardez-vous de me toucher,

  1. Eze. 44, 2-3
  2. Mat. 28, 6
  3. Mat. 28, 6
  4. Luc. 24, 5
  5. Jn. 1, 26
  6. Luc. 17, 21
  7. Jn. 20, 15