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monceau de témoignages s’est élevé en sa faveur pour la vie éternelle.
13. Seigneur, puisque vous ne sortirez pas à la tête de nos armées, « donnez-nous du secours du milieu de l’affliction, parce que le salut qui vient de l’homme n’est que vanité ». Loin de nous ceux qui n’ont pas en eux-mêmes la saveur du sel ! Qu’ils souhaitent et recherchent pour les leurs un salut temporel qui n’est qu’une vaine vieillerie. « Donnez-nous du secours » : puisez le secours là même où vous sembliez ne pouvoir en puiser ; qu’il nous vienne de cette source. « Donnez-nous du secours du milieu de l’affliction, parce que le salut qui vient de l’homme n’est que vanité. En Dieu nous ferons des actes de courage, et il anéantira nos ennemis ». Pour faire des actes de courage, nous ne nous servirons ni de glaives, ni de coursiers, ni de cuirasses, ni de boucliers, ni de troupes nombreuses, ni de secours du dehors : où puiserons-nous donc notre force ? au dedans de nous ; dans ce lieu secret où nous nous cachons. Où sera-ce donc ? Ce sera en Dieu, que nous ferons des actions d’éclat : nous semblerons méprisés, foulés aux pieds : à nous voir, on dirait des hommes qui n’ont rien de recommandable ; mais « il anéantira nos ennemis ». Voilà, en effet, ce qui est arrivé à nos ennemis. Les martyrs ont été foulés aux pieds ; par leur patience à souffrir, par leur persévérance jusqu’à la fin, ils ont fait en Dieu des actes de courage. Que sont devenus maintenant leurs ennemis ? ces ennemis ne les persécutent plus comme autrefois d’une manière sanglante. Mais peut-être pourrait-on dire qu’ils les persécutent encore aujourd’hui en les affligeant par leurs ignobles excès de gourmandise.


DISCOURS SUR LE PSAUME 60

SERMON AU PEUPLE

ESPÉRANCE DE L’ÉGLISE.

Ce psaume est une prière où se peignent parfaitement les destinées de l’Église. Exposée comme son chef à des épreuves de tous les genres et de tous les instants, mais appuyée sur les plus solides motifs d’espérance, l’exemple de Jésus-Christ souffrant et triomphant, sa propre perpétuité, la bonté, les promesses et la justice de Dieu, elle se promet de chanter toujours les louanges de l’Éternel.


1. Nous entreprenons d’étudier ce psaume conjointement avec votre charité. Il est court ; notre discours durera donc peu de temps, mais, avec l’aide de Dieu, il suffira à vous instruire. Moyennant la grâce de Celui qui m’ordonne de vous parler, je satisferai au désir des personnes avides de m’entendre, sans être une cause d’ennui pour les autres ; par là, ceux qui ont peu de temps à leur disposition, ou qui aiment la brièveté, ne me trouveront pas trop long. Nous n’avons pas à nous arrêter au titre de ce psaume, car le voici : « Pour la fin, dans les hymnes, à David ». « Dans les hymnes », c’est-à-dire, dans les louanges. « Pour la fin », c’est-à-dire, pour le Christ, « parce que le Christ est la fin de la loi, pour justifier ceux qui croient en lui[1] ». « A David ». Par là, nous entendons évidemment désigner celui qui est sorti de la race de David, qui est devenu homme parmi les hommes, afin de les rendre semblables aux anges. Il nous en avertit lui-même, et nous ne devons point craindre de le supposer : les paroles contenues dans ce psaume sont les nôtres, si nous faisons partie du corps de Jésus-Christ ; si nous sommes du nombre de ses membres ; oui, nous devons y reconnaître nos propres expressions, et non celles d’un étranger. Je dis que ce langage est le

  1. Rom. 10,4