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aujourd’hui un prêtre. Où sont leurs sacrifices ? Ils ont disparu, il n’en est plus rien. Les aurions-nous réprouvés alors ? Nous les réprouvons aujourd’hui, parce que l’heure en est passée ; ils sont hors de propos, hors de convenance. Tu me les promets encore, et je tiens déjà la promesse. Ils ont encore quelques observances dans leurs fêtes, afin de n’être point sans aucun signe. Caïn lui-même, cet aîné, assassin de son plus jeune frère, eut un signe pour empêcher qu’on ne le tuât, ainsi qu’il est écrit dans la Genèse : « Le Seigneur mit une figure sur Caïn afin que nul n’osât le tuer »[1]. De là vient la durée de la nation juive. Toutes les nations soumises à la domination romaine se sont fondues dans le droit romain, en ont accepté les pratiques superstitieuses ; puis est venue la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui les en a séparées. Mais la nation juive est demeurée avec son signe, le signe de la circoncision, le signe des azymes ; nul n’a tué Caïn, nul ne l’a tué, il a toujours sa marque. Il est maudit sur la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de sa main le sang d’Abel. Car il a répandu le sang et ne l’a point recueilli ; il l’a répandu, une autre terre l’a reçu ; et il est maudit sur cette terre qui a ouvert sa bouche et recueilli ce sang précieux : et cette terre qui l’a recueilli, c’est l’Église. C’est donc d’elle qu’il est rejeté. Et ce sang crie de la terre vers moi. C’est de cette terre que le Seigneur a dit : « La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi »[2]. Il crie, dit le Seigneur, de la terre vers moi. Il crie vers le Seigneur, et celui qui l’a répandu est sourd, parce qu’il ne l’a point bu. Les Juifs sont donc maintenant comme Caïn, avec un signe. Les sacrifices que l’on offrait chez eux ont disparu ; et ce qui leur en est resté, pour servir de signe comme à Caïn, est accompli sans qu’ils le sachent. Ils immolent l’agneau, ils mangent des pains azymes : « Car Jésus-Christ, notre agneau pascal, a été immolé pour nous ». Je reconnais donc en lui cet Agneau qui a été tué ; où sont les azymes ? « C’est pourquoi », continue saint Paul, « célébrons notre solennité, non dans le vieux levain ni dans le ferment de la malice et de l’iniquité » : (il montre par là ce qu’est le vieux levain, une pâte vieillie et aigrie), « mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité »[3] Ils sont demeurés dans l’ombre sans pouvoir envisager le soleil de justice ; mais nous qui sommes dans la lumière, nous recueillons le sang du Christ. Si nous avons une vie nouvelle, chantons un cantique nouveau, une hymne à notre Dieu. « Vous n’avez pas voulu d’holocauste pour le péché ; alors j’ai dit : Me voici ».
14. « Il est écrit de moi à la tête de votre livre que j’accomplirai votre volonté ; je l’ai voulu, ô mon Dieu, et votre loi est gravée au fond de mon cœur »[4]. Le voici qui revient à ses membres, et lui-même fait la volonté de son Père. Mais au commencement de quel livre est-il écrit de lui ? Peut-être au commencement de ce livre des Psaumes. À quoi bon chercher plus loin et feuilleter d’autres livres ? Voilà qu’à la tête du livre des Psaumes nous lisons : « Bienheureux l’homme qui n’est point allé dans le conseil des méchants, qui ne s’est pas arrêté dans la voie des pécheurs, qui ne s’est point assis dans la chaire de pestilence, mais qui n’a d’autre loi que la volonté du Seigneur » ; ce qui revient à dire : « Je l’ai voulu, ô mon Dieu, votre loi est gravée dans le fond de mon cœur » ; ou bien : « Et qui jour et nuit médite sa loi »[5].
15. « J’ai annoncé votre justice dans une grande assemblée »[6]. Il parle ici aux membres, il les engage à faire ce qu’il a fait. Il a prêché, prêchons aussi ; il a souffert, souffrons avec lui ; il a été glorifié, nous serons glorifiés avec lui. « J’ai prêché votre justice dans une grande assemblée ». Jusqu’où s’étend cette assemblée ? Dans l’univers entier. Que renferme-t-elle ? Toutes les nations. Pourquoi toutes les nations ? Parce que c’est la postérité d’Abraham, dans laquelle tous les peuples doivent être bénis[7]. Pourquoi encore toutes les nations ? « Parce que leur voix s’est répandue par toute la terre »[8]. « Dans une grande assemblée. « Voilà que je ne retiendrai point mes lèvres, Seigneur, vous le savez ». Mes lèvres parlent, et je ne les empêcherai pas de parler. Le sen de mes lèvres arrive aux oreilles des hommes, mais vous connaissez mon cœur. « Je n’empêcherai donc point mes lèvres, Seigneur, vous le savez ». Autre est ce qu’entend l’homme, et autre ce que connaît le Seigneur. Ainsi

  1. Gen. 4,15
  2. Id. 10
  3. 1 Cor. 5,7
  4. Ps. 39,8-10
  5. Id. 1,1-2
  6. Id. 39,10
  7. Gen. 12,3 ; 21,18
  8. Ps. 18,5