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de la fatigue corporelle, supportez-la ; je me suis fatigué moi-même ; mais en vérité c’est vous-mêmes qui vous êtes fatigués. Si je vous voyais prendre à dégoût mes paroles, je me tairais aussitôt.


DISCOURS SUR LE PSAUME 39

SERMON AU PEUPLE

LES DIVERTISSEMENTS DU MONDE.

Le monde sévit contre nous, tantôt à la manière du lion, tantôt à la manière du serpent ; cette manière, la plus à craindre, est celle des hérétiques rebaptisants. Le Seigneur nous exauce en nous tirant du péché, en nous établissant sur le Christ ou sur la pierre. À la vue de la voie étroite et de la voie large, les justes craignent de prendre la mauvaise voie ; le Seigneur les guidera et leur donnera en spectacle les merveilles de la grâce, comme la marche sur l’eau de saint Pierre. Dans le spectacle de la terre un seul est couronné ; pour nous, ce sont tous ceux qui courent, pourvu qu’ils arrivent au but. Jésus-Christ vient établir le nouveau sacrifice. Signe de Caïn et du peuple juif. Prédication de la vérité, de la miséricorde, de l’humilité. Soyons confus de nos péchés.


1. De toutes les prédictions qu’a faites Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous voyons les unes s’accomplir, et nous espérons l’accomplissement des autres ; toutes néanmoins s’accompliront, parce qu’elles sont émanées de la vérité, qui exige autant de fidélité dans la foi qu’elle en met elle-même dans ses paroles. Celui qui croit sera dans la joie quand ces choses s’accompliront ; et celui qui ne croit pas sera confondu. Que les hommes le veuillent ou ne le veuillent pas, qu’ils le croient ou ne le croient pas, ces choses s’accompliront, selon cette parole de l’Apôtre : « Si nous le renonçons, il nous renoncera aussi ; si nous avons confiance en lui, il demeurera fidèle, car il ne saurait se contredire »[1]. Avant tout cependant, mes frères, souvenez-vous d’une courte parole que nous venons d’entendre dans l’Évangile, et retenez-la bien : « Celui-là sera sauvé qui aura persévéré jusqu’à la fin »[2]. Déjà nos pères ont été traduits devant les assemblées ; ils ont plaidé leur amuse devant leurs ennemis qu’ils aimaient ; te leur ont donné et la leçon qu’ils pouvaient donner, et la charité selon leurs forces ; alors le sang des justes a été répandu, et ce sang est devenu, dans l’univers entier, une semence d’où a surgi la moisson de l’Église. Ensuite est venu le temps des scandales, de l’hypocrisie, des épreuves de la part de ceux qui disaient : Le Christ est ici ou il est là[3]. Notre ennemi fut d’abord un lion attaquant avec violence ; aujourd’hui, c’est un serpent qui use d’artifice. Mais comme nous sommes les membres de celui à qui il est dit : « Vous foulerez aux pieds le lion et le dragon »[4], qu’il foule aujourd’hui le dragon et nous mette hors de ses embûches, comme jadis il foula sous les pieds de nos pères le lion qui sévissait ouvertement et qui traînait les martyrs à la torture. C’est contre ce dragon que l’Apôtre nous mettait en garde quand il disait : « Je vous ai fiancés à cet unique Époux, Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure ; mais je crains que, comme Eve fut séduite par les artifices du serpent, vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté qui est en Jésus-Christ »[5]. Le serpent donc, cet ancien adultère, cherche à corrompre la pureté, non de la chair, mais du cœur ; de même que l’homme adultère s’applaudit de son iniquité, quand il a corrompu la chair, ainsi tressaille le démon quand il a flétri l’âme. De même que nos pères avaient besoin de patience contre le lion, ainsi nous faut-il de la vigilance contre le serpent. Toutefois

  1. 2 Tim. 2,12
  2. Mt. 10,22 ; 24,13
  3. Mt. 24,23
  4. Ps. 90,13
  5. 2 Cor. 11,2