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attachée à leurs actes, quand ces Maximianistes plaidaient au sujet d’une maison avec le procureur de ce Primianus qui abandonne ce qu’on lui prend. Donc, ils envoyèrent d’abord une requête à son sujet, se plaignant de ce qu’il n’avait pas voulu se rendre dans leur assemblée. Mais vois comme Dieu leur a rendu ce qu’ils ont dit de Cécilien. Admirable ressemblance ! Dieu a voulu, après tant d’années, leur remettre sous les yeux ce qui s’est passé alors, afin qu’ils ne trouvent aucun moyen de dissimuler ou de s’échapper. Ils diraient qu’ils ont oublié les actes précédents, Dieu ne permet point qu’ils les oublient ; et puisse cela servir à leur salut ! Car c’est là un effet de sa miséricorde, s’ils considéraient ce qui s’est fait. Remettez-vous donc sous les yeux, mes frères, l’unité de l’univers entier dont ils se sont séparés contre Cécilien ; représentez-vous le parti des Donatistes, d’où se sont détachés les Maximianistes contre Primianus. Ce que les premiers ont fait contre Cécilien, les seconds l’ont fait contre Primianus. C’est pourquoi les Maximianistes se vantent d’aimer mieux la vérité que les Donatistes, puisqu’en effet ils ont imité la conduite de leurs ancêtres. Ils ont élevé Maximien contre Primianus, comme les autres avaient élevé Majorin contre Cécilien, et ont renouvelé de lui et de Primianus les plaintes de leurs pères au sujet de Cécilien. Car, s’il vous en souvient bien, ceux-ci dirent que Cécilien, fidèle à sa conscience, n’avait point voulu se trouver avec eux, parce qu’il connaissait leurs intrigues ; de même ceux-là se plaignent de Primianus, qui a refusé d’aller à eux. Pourquoi trouver bon que Primianus ait connu les intrigues des Maximianistes, et ne point pardonner à Cécilien d’avoir connu les intrigues des Donatistes ? Maximien n’était pas encore ordonné, et déjà l’on accusait Primianus ; des évêques s’assemblent ; ils veulent obliger Primianus de se trouver dans leur assemblée ; il refuse d’y aller, comme le constate la circulaire insérée dans les actes. Il refusa, etje ne l’en blâme point, je l’approuve au contraire. Si tu as reconnu là quelque faction, tu as bien fait de ne point te mêler à des factieux, mais de réserver ta cause à un tribunal plus impartial de ton parti. Il restait encore la secte de Donat, et Primianus pouvait s’y justifier ; c’est pourquoi il ne voulut point aller à ceux qui ourdissaient déjà des trames. Tu vois que nous louons ta résolution à l’égard des Maximianistes ; considère bien maintenant la cause de Cécilien. Tu ne veux point le juger comme un frère, juge-le comme un étranger. Que disais-tu en toi-même en refusant de venir ? Ces gens ont conspiré contre ma vie ; ils sont gagnés contre moi ; si je me remets entre leurs mains, je fais tort à ma cause. Je n’irai point chez eux, je réserve ma cause pour des hommes plus intègres et d’une plus grande autorité. C’est là un bon avis. Mais si Cécilien a raisonné de la sorte ? Tu auras bien de la peine à nous prouver qu’une autre Lucille a corrompu ceux-ci contre toi, tu n’en trouveras pas la preuve ; et cependant Cécilien le savait tellement bien, que cela est prouvé par les actes mêmes de ce concile[1]. Mais tu as vu je ne sais quoi de ténébreux ; on t’a dit que tu avais à craindre ; j’accorde à ta crainte d’avoir pris des sûretés ; tu as bien fait de n’aller point trouver de telles gens, puisqu’il y en avait d’autres qui pouvaient te juger. Écoute maintenant Cécilien : tu t’es conservé la Numidie, et lui le monde entier. Mais si tu veux faire valoir contre lui le jugement des Donatistes, il faut donner la même valeur à celui dont tu es frappé par les Maximianistes ; s’il est condamné par des évêques, tu l’es aussi par des évêques. Pourquoi ensuite faire revoir ta cause pour obtenir l’avantage contre les Maximianistes, comme il en avait ensuite appelé, pour faire condamner les Donatistes ? Ce qui s’est donc fait alors s’est renouvelé d’une manière complète et évidente, et les Maximianistes font contre Primianus les plaintes que les Donatistes ont faites contre Cécilien. Je ne puis vous dire, mes frères, combien je suis ému et comment je rends grâces à Dieu ; c’est vraiment par un effet de sa miséricorde qu’il leur a mis sous les yeux un tel exemple, bien fait pour les éclairer s’ils étaient sages. Pour peu que cela vous plaise, mes frères, et puisque Dieu l’a fait tomber sous nos mains, écoutez le concile des Maximianistes. (Et dans son homélie, il fait lecture du concile.)
20. « A nos très saints frères et collègues dans toute l’Afrique ». (Toute leur unité se borne à la seule Afrique. Mais dans cette

  1. Le saint Docteur parle des actes recueillis chez Zénophide, homme consulaire, l’an 320, et dont il cite quelques fragments contre Cresconius, en 20, et l’endroit où Nundinarius, diacre de l’évêque de Certe, prouve que les évêques avaient été gagnés par l’argent de Lucille, femme puissante alors, pour établir Majorin évêque de Carthage, contre Cécilien Voyez les lettres à Glorius et à Clusius, et lettre 43, n17.