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DISCOURS SUR LE PSAUME 34.

CONFIANCE EN DIEU.

Le titre de ce psaume est : A David. Le double sens, attaché au nom de David, désigne deux qualités du Christ, et montre, comme le texte, que ce psaume s’applique au Christ, considéré en lui-même et dans ses membres. Sous ce double rapport, il souffre et cherche son secours en Dieu. Nous, qui souffrons, mettons aussi en Dieu notre confiance : 1° parce qu’il est notre salut. Pour venir à notre aide, il se sert de nous-mêmes, et des vertus qu’il nous inspire, comme d’une armure : notre âme, voilà son épée, son casque, sa cuirasse ; nos vices, nos semblables, le démon, voilà nos ennemis ; pour leur résister, il faut être juste, et c’est Dieu qui donne la justice. Quoi qu’en disent nos ennemis, quel que soit notre sort ici-bas, Dieu seul est notre salut et ce qu’il a fait dans tous les temps, et surtout à l’égard de Job, en est la preuve. Il triomphe de nos ennemis en les convertissant ou en les condamnant ; il punit les méchants par leur propre méchanceté Quant aux justes, il est leur unique souverain bien ; ils doivent donc chercher en lui le sujet de leurs joies et de leurs espérances. Parce que le Christ est notre Chef, que nous sommes ses membres, et que comme il a été glorifié après avoir souffert, nous le serons nous-mêmes, si nous l’imitons. Environné d’ennemis acharnés à sa perte, il vécut dans l’innocence, la mortification, le jeûne, la prière et l’union avec Dieu, et triompha ainsi de leur malice. Imitons ce parfait modèle, et, puisque nous sommes condamnés à souffrir, souffrons, comme lui, pour la justice, Dieu nous sauvera, et, alors, la tranquillité et la joie seront notre partage.

PREMIER SERMON


1. Votre charité ne l’ignore pas : la volonté de nos frères et coévêques nous a imposé l’obligation d’expliquer ce psaume de manière à ce que nous en tirions tous une instruction, car nous sommes tous les auditeurs de celui qui nous instruit les uns et les autres, et dont nous recevons les enseignements en qualité de condisciples. Le titre de ce psaume ne peut nous arrêter longtemps, car il est court, et pour les enfants, de l’Église de Dieu surtout, il n’est pas difficile à comprendre. Le voici : « A David ». Louange donc à David. David signifie : Homme d’un bras vigoureux, homme désirable. Louange donc à cet homme fort et désirable, qui a vaincu notre mort et nous a promis la vie. Car, pour vaincre notre mort, il s’est montré vigoureux il est désirable, puisqu’il nous a promis la vie éternelle. Et, de fait, qu’y a-t-il de plus fort que cette main, dont le contact a ressuscité un mort et l’a fait sortir vivant du cercueil ? Qu’y a-t-il de plus fort que cette main, qui a vaincu le monde, sans porter le glaive, après avoir été clouée à la croix ? Qu’y a-t-il de plus désirable que cet homme ? Les martyrs ne l’avaient pas vu, et pourtant, ils ont voulu mourir pour mérite d’arriver jusqu’à lui. Louange donc à lui ; à lui notre cœur ; à lui notre langue : puise-t-elle chanter des louanges dignes de lui ! Puisse-t-il inspirer lui-même nos chants ! Nulle louange n’est digne de sa majesté, s’il te daigne en accorder la grâce à celui qui entreprend de la lui offrir. Enfin, ce que note chantons maintenant, son esprit nous l’a enseigné par la bouche du Prophète, et de ces paroles où nous nous reconnaissons nous-mêmes, et lui avec nous. En nous exprimai ! ainsi, nous ne lui faisons point injure, car du haut du ciel, quand personne ne le touchait et que nous luttions sur la terre, il a dit « Pourquoi me persécutes-tu ? » Il nous faut donc entendre sa parole, tantôt de no mêmes qui sommes son corps, tantôt de lui-même qui en est le Chef. Car, dans ce psaume on invoque Dieu contre ses ennemis, au milieu des tribulations de cette vie, et celui qui adresse cette invocation au Seigneur, est indubitablement le Christ, qui a souffert autrefois comme chef, et qui souffre aujourd’hui