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PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME 26.

ESPOIR EN DIEU.

David a pu, dans ce psaume, exprimer les douleurs de son exil, mais son langage convient parfaitement aux membres de l’Église militante, qui se consolent au milieu des fatigues de cette vie par l’espérance du repos et de la félicité dont ils jouiront dans la maison de Dieu.

POUR DAVID, AVANT QU’IL AIT REÇU L’ONCTION[1].


1. Ce langage est celui du soldat du Christ qui arrive à la foi. « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qu’aurai-je à craindre ? »[2] C’est le Seigneur qui me fait la grâce de le connaître et de me sauver, qui pourra m’arracher à lui ? « Il est le protecteur de ma vie, qui une fera trembler ? »[3] C’est le Seigneur qui doit repousser l’assaut et les embûches de mes ennemis, nul ne me fera peur.
2. « Des pervers s’approchent de moi pour dévorer ma chair »[4]. Des méchants s’approchent de moi pour me connaître, m’insulter, et se préférer à moi, quand je veux m’améliorer ; leur dent maligne va dévorer, Lion pas moi, mais bien maies désirs charnels. « Ces ennemis qui me persécutent ». Non seulement ceux qui viennent au nom de l’amitié me blâmer et me détourner de mon dessein, mais encore mes ennemis « Ont chancelé à leur tour et sont tombés ». En agissant ainsi, pour défendre leur propre sera-liment, ils sont devenus faibles pour embrasser une croyance meilleure, et se sont pris à haïr cette parole qui me fait agir contre leur volonté.
3. « Que des armées campent autour de moi, mon cœur m’en sera point ému »[5]. Que la foule de mes contradicteurs conspire et se soulève contre moi, mon cœur ne les craindra pas au point de se ranger avec eux. « Qu’on me livre un assaut, j’en redoublerai d’espérance ». Que les persécutions du monde viennent fondre sur moi, j’affermirai mon espoir dans cette prière que médite mon cœur.
4. « J’ai fait une demande au Seigneur. Et je la lui ferai encore ». Ce que j’ai demandé au Seigneur, je le demanderai encore. « C’est d’habiter dans la maison de Dieu, tous les jours de ma vie »[6]. C’est que, durant mon séjour ici-bas, nulle affliction ne me sépare du nombre de ceux qui gardent l’unité de la foi dans l’univers entier. « C’est que je contemple un jour la beauté du Seigneur ». C’est que la persévérance dans la foi me découvre l’ineffable beauté du Seigneur, et que je la puisse contempler face à face. « Et que je sois protégé comme son temple », et que la mort, absorbée enfin par la victoire, me revête d’immortalité, et fasse de moi le temple du Seigneur.
5. « Parce qu’il m’a caché dans son pavillon, au jour de mes malheurs »[7]. Parce que dans cette chair mortelle, dont le Verbe s’est revêtu, il m’a ménagé un abri contre ces tentations auxquelles est assujettie ma vie mortelle. « Il m’a reçu dans le secret de son tabernacle ». Il m’a protégé, quand la foi qui justifie était dans mon cœur[8].
6. « Il m’a établi sur le roc ». Et afin de m’amener au salut, par la manifestation de ma foi[9], il m’a donné la force de la confesser au grand jour. « Et voilà qu’il m’a fait grandir au-dessus de mes ennemis[10] ». Que me réserve-t-il pour l’avenir, puisque, dès aujourd’hui, mon corps est mort au péché, et que mon esprit, je le sens, est soumis à la loi de Dieu, sans se laisser assujettir aux rébellions de la loi du péché ?[11] « J’ai jeté les yeux de toutes parts, et j’ai offert à Dieu, dans son tabernacle, une hostie de louanges »[12]. J’ai vu que l’univers croit maintenant au Christ, et parce qu’il s’est un moment humilié pour nous, je l’aï béni dans mon allégresse : c’est

  1. Ps. 26,1
  2. Id. 2
  3. Id.
  4. Id.
  5. Id. 4
  6. Ps. 26,1
  7. Id. 5
  8. Rom. 10,10
  9. Id.
  10. Ps. 26,6
  11. Rom. 8,10
  12. Ps. 25,6